Goncalves Pereira prend les commandes de Sol Technique

Rien n'a vraiment changé en apparence. La petite équipe de six personnes s'active, ici à préparer des études techniques et des plans de chantier, là à prendre les commandes, et les ouvriers continuent à piloter leurs " hélicoptères ", ces truelles mécaniques en forme de pales destinées à lisser le béton. Goncalves Pereira poursuit lui aussi son travail sur les chantiers. A 44 ans - dont 25 passés dans le dallage, ce mécanicien auto de formation est pourtant désormais le nouveau patron du Sol Technique, une TPE, mais une référence dans le secteur régional du BTP : le numéro trois régional du revêtement de sols industriels en béton et dérivés affiche un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros et des références de taille comme l'usine Holder à Marcq-en-Baroeul, le stade Nungesser à Valenciennes, la grand place de Lille, parmi bien d'autres. L'entreprise affiche un portefeuille d'une cinquantaine de clients dont des majors comme Lafarge, Rabot-Dutilleul, Nord Asphalte ou Ramery.

Didier Demeulemeester, fondateur de la société, avait déjà évoqué la question de la transmission de son entreprise auprès de son bras droit il y a trois ans. Les hypothèses d'une prise de participation, d'une reprise intégrale, ou d'une vente à un tiers ont été évoquées. C'est finalement une cession à 100% qui a été opérée. Mais Goncalves Pereira a recouru au soutien de plusieurs parrains. " Tout seul, j'y serais encore! ", s'amuse-t-il.

L'appui est d'abord financier, alors que le repreneur ne pouvait amener dans la corbeille qu'un apport personnel limité. Pour obtenir un effet de levier auprès des banquiers, le repreneur a constitué une holding, dans laquelle la société de capital-développement Construire Demain (filiale de l'IRD, associant la FFB) a pris 27% et apporté 65.000 € en compte courant. Le vendeur a lui aussi donné un gros coup de pouce en accordant à Goncalves Pereira un crédit vendeur pour faciliter le paiement, et qui continue à l'accompagner pendant un an.

Le Sol Technique est une des seize lignes de participation de Construire Demain, essentiellement des dossiers de transmission en soutien de repreneurs sans la surface financière nécessaire.

A ce traitement du haut de bilan s'est articulée une dette bancaire classique, portée par le Crédit Coopératif, et soutenue par Oséo, qui a accordé un prêt reprise d'entreprise (80 K€), tandis que Nord Financement intervenait en contre-garantie. Résultat, la caution personnelle demandée au repreneur a pu être cantonnée à 10% de la dette bancaire.
Goncalves Pereira se veut très confiant. Il espère rembourser la dette sénior en cinq ans seulement, grâce à une gestion très serrée, mais sans faire grossir la société. Il continue à travailler lui-même sur les chantiers, des marchés qu'il sélectionne soigneusement. " Je ne veux pas trop de pub, on est déjà débordés. On choisit nos chantiers, le Stade de France, je n'ai pas voulu y aller car ce n'était pas assez cher ". Goncalves Pereira ne compte rien changer par rapport à la situation antérieure. Sauf peut-être à intégrer dans son activité des bétons cirés et décoratifs, " très tendance ", mais assez difficiles à mettre en oeuvre.