Guerre en Ukraine : la conjoncture régionale se dégrade

Rebelote ? Après les gilets jaunes, le Brexit et la Covid, les entreprises doivent faire face aujourd'hui aux conséquences de la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine. La CCI Hauts-de-France vient de mener une large enquête de conjoncture utile pour mesurer l'impact réel de ces tensions géopolitiques majeures sur notre tissu économique.

Ce n'est pas encore la Bérézina, mais la détérioration du climat des affaires est palpable. 38% des entrepreneurs évoquent un recul moyen de chiffre d'affaires au premier trimestre, pour une moyenne de 24% de baisse (montant jusqu'à -30% dans les services aux particuliers). 23% font état d'une mauvaise situation de trésorerie, le premier secteur concerné étant celui des hôtels-cafés-restaurants (33%), liée à une forte baisse de fréquentation (-52%). L'opinion sur l'emploi décroit, mais légèrement, avec seulement 9% des répondants qui indiquent une baisse de leurs effectifs. L'activité internationale protège moins qu'avant puisque 30% des entreprises ayant une activité à l'export voient leur activité reculer (en moyenne de 37%).

Les entreprises mettent en avant trois impacts forts, bien devant les autres : l'augmentation du prix des matières premières pour un répondant sur deux (avec des pics à 82% pour la construction et 77% pour l'industrie!), celle du coût des transports (45%), et de l'énergie (40%). Un quart fait aussi état de difficultés d'approvisionnement en matières premières. Plus de la moitié des entreprises (53%) relève des difficultés d'acheminement des marchandises vis-à-vis de l'Asie, un ratio qui monte à 69% dans le commerce de gros et au même niveau pour les entreprises qui commercent avec la Russie et ou l'Ukraine. Autre impact, indirect mais net, 43% des salariés des entreprises sont concernés par l'augmentation des carburants pour se rendre au travail.

Plus d'une entreprise sur 5 se dit inquiète sur sa pérennité

Et demain ? 40% des dirigeants tablent sur une stabilisation d'activité au deuxième trimestre, 22% sur une dégradation, et 20% sur une augmentation d'activité, et 18% n'en ont aucune idée. Les secteurs qui se montrent le plus pessimistes sont le commerce de détail (29% de dégradation attendue), le commerce de gros (27%) et le transport logistique (26%). Les perspectives concernant l'emploi sont plutôt positives, avec un gros bloc de stabilité (64%), et seulement 7% des répondants qui envisagent un recul. En revanche, l'investissement pourrait être affecté. Sur 30% de répondants qui affichent un projet d'investissement, 37% estiment que la situation actuelle pourrait être de nature à le remettre en question.

A moyen-long terme, les dirigeants estiment que les impacts d'ordre commercial et logistique risquent de devenir plus importants. Face aux problèmes d'acheminement, 79% déclarent envisager de nouveaux fournisseurs et débouchés. 21% imaginent relocaliser.

Les risques concernant la pérennité de leur entreprise s'aggravent, puisque 21% des dirigeants envisagent une menace de redressement ou liquidation judiciaire, un chiffre deux fois plus élevé qu'en septembre 2021. Ce taux monte même à 33% dans l'univers du transport-logistique et à 32% dans l'hôtellerie-restauration.

L'intégralité de l'enquête est disponible sur le site de la CCI.