Restauration : La chaîne de restaurants des soeurs Boumezlag s’élargit malgré la covid

En Hauts-de-France, parties d’une sandwicherie, les deux sœurs ont monté en quatre ans une chaîne régionale de restaurants multi-thèmes, Cinétalia et Dôme 33 ; un cinquième va ouvrir à Valenciennes.

Leur histoire entrepreneuriale commence en 2016, avec leur premier Cinétalia à Lesquin : buffet italien à volonté, ouvert 7/7, midi et soir, dans un décor de studio de cinéma. Hayette est cinéphile, adore la cuisine italienne et voulait en faire le thème central de ce premier restaurant. Fortes du succès de ce premier établissement, les soeurs en ouvrent un deuxième à Lille en novembre 2018 sur un autre thème : le Dôme 33, autour d’une cuisine plus française dans un univers années 30. Se succéderont l’ouverture d’un Cinétalia à Bruay-la-Buissière en avril 2019 et d’un Dôme 33 à Marquette-lez-Lille en octobre 2019, tout en travaillant sur le projet de Valenciennes. Leur trajectoire hors norme les distingue ce même automne 2019 au concours « L’enseigne d’or » à Paris récompensant les concepts les plus étonnants.

Autodidactes

Si le parcours est météorique en quatre ans, elles comptent sur leurs 25 ans d’expérience dans la restauration en France et à l’étranger pour s’imposer, comme l’explique Hayette, l’aînée : « nous savons tout faire, de la cuisine, au service et à la vaisselle. Nous avons commencé en ouvrant chacune notre propre sandwicherie. Mais nous rêvions depuis longtemps de travailler ensemble. » Christine Richard, amie de longue date et elle-même fondatrice d’entreprise (dartagnan.io), se souvient de ses années étudiantes, lorsqu’elle fréquentait la sandwicherie lilloise d’Hayette en 1995 : « a l’époque, nous partagions la même envie entrepreneuriale. Puis, au début de ma vie professionnelle, on s’est soutenues l’une et l’autre, notamment pour la recherche de financement. »

Hors des radars

Autodidactes, ces entrepreneuses sont hors des radars des réseaux classiques de la création : pas de soutien de fonds régionaux ni d’accompagnement par des structures professionnelles. Elles autofinancent à 50% voire davantage leurs projets, comme pour le prochain à Valenciennes, dont l’ouverture est prévue en septembre. Leur budget d’ouverture de 800 K€ doit être couvert par un prêt bancaire, un prêt brasseur, voire du crowlending, via la plateforme lesentrepreteurs.com, comme l’explique Farida : « C’est un budget modeste au regard de la taille de l’établissement et ses 600 m2, un roof top et une terrasse, pour accueillir 350 couverts par service. Nous gérons tout du chantier, maîtrise d’œuvre et d’ouvrage. » Maîtrise culinaire également, puisqu’elles ont conçu elles-mêmes toutes les recettes « faites maison ».

Détenu à 100% par les deux fondatrices, le groupe compte déjà une centaine de salariés. Avec trois nouveaux établissements en un an seulement, le chiffre d’affaires a doublé, approchant 7 M€. « Elles vivent une phase de croissance intéressante mais c’est toujours éprouvant mentalement, car on n’a pas toujours la trésorerie qui suit. Il faut être malin, prendre du recul et bien accompagner ses équipes », leur conseille Christine Richard, passée par cette phase. La croissance aurait dû se poursuivre en 2020 ; le confinement a bousculé les prévisions. « Aujourd’hui, nous tournons à 50% de nos capacités (entretien réalisé en juillet, ndlr), à cause des règles sanitaires et du télétravail. Mais nous constatons un retour de nos clients fidèles et espérons passer la crise sans licenciement, ni fermeture, grâce à l’utilisation de trois PGE et au chômage partiel de certains employés », anticipe Hayette Boumezlag.