Idex : l'heure de ve?rite? pour les universite?s lilloises

Lille saura fin janvier 2016 si elle figure dans le club tre?s select des "idex", ces "initiatives d'excellence" destine?es a? booster la recherche et l'innovation. Apre?s un premier e?chec en 2011, le monde universitaire y croit : cette fois, son projet figure parmi les favoris. "Nous n'avons jamais e?te? si pre?s du but, souligne Xavier Vandendriessche, pre?sident de Lille-II. Pour autant, nous n'y allons pas les mains dans les poches car la concurrence est se?ve?re : nous serons en compe?tition avec Grenoble et Nice, eux aussi pre?se?lectionne?s, mais aussi avec des candidats e?vince?s qui vont pre?senter un nouveau dossier".
Le jury international en charge de la se?lection des idex a estime? au printemps que "l'universite? de Lille semble avoir les possibilite?s de devenir une universite? visible au niveau europe?en, a? condition d’adopter les me- sures ne?cessaires au renforcement de son potentiel scientifique". Une formulation prudente qui rappelle aux porteurs du projet (Lille-I, Lille-II, Lille-III, CNRS, Inserm et In- ria) le chemin encore a? parcourir. He?las, le jury n'en a pas dit beaucoup plus : ses recommandations tiennent sur une page A4 recto verso.
Une dotation estime?e a? 595 M€ Les Lillois travaillent d'arrache-pied sur leur dossier de?finitif de candidature – qui doit e?tre de?pose? le 22 octobre au plus tard. Une "dream team" de 14 chercheurs, choisis parmi les meilleurs de la re?gion, se re?unissent chaque semaine pour pre?ciser l'ambition scientifique du projet. En paralle?le, les universite?s avancent sur leur projet de fusion, pre?vu pour 2018. C'est un point fort du dossier : le jury international des idex accorde une grande importance a? l'efficacite? de la gouvernance. En cas de succe?s, la re?gion lorgne une dotation de 595 M€, sur les 2 milliards d'euros de?- bloque?s par le gouvernement. Mais l'idex n'est pas qu'une affaire de gros sous : c'est avant tout un moyen d'attirer ou de garder des chercheurs de tre?s haut niveau, dans un univers devenu tre?s concurrentiel. Aix-Marseille, labellise?e en 2012, a de?ja? de?pense? 7 M€ pour recruter ses futurs prix Nobel. Strasbourg, qualifie?e en 2011, multiplie les appels a? projets pour attirer de brillants jeunes chercheurs. Lille re?ve d'avoir 50 % de ses chercheurs dans un "pe?rime?tre d'excellence" d'ici dix ans – contre 30 % aujourd'hui.

Des universite?s de?complexe?es
En 2011, les pre?sidents d'universite?s e?taient partis la fleur au fusil, oubliant de fe?de?rer le monde e?conomique, la socie?te? civile et les e?lus autour de leur projet. "Le travail de lobbying avait e?te? comple?tement ne?glige? alors que tous les autres candidats passaient leur temps a? organiser des de?jeuners a? Paris", relate une source tre?s informe?e. La lec?on a e?te? retenue. "Nous avons active? tous les re?seaux – le Comite? Grand Lille, la CCI, le Medef, la CGPME, le Club Gagnants – et obtenu le soutien du conseil re?gional, de la me?tro- pole europe?enne de Lille et de collectivite?s comme Valenciennes", explique Xavier Vandendriessche. Les trois universite?s lilloises re?uniront leurs partenaires e?conomiques le 12 novembre : plusieurs centaines de chefs d'entreprise sont attendus. Le jury exprimera ses pre?fe?rences en janvier, apre?s une semaine d'auditions. Puis le gouvernement proclamera la liste de?finitive des laure?ats. "Nous menons un travail souterrain de conviction aupre?s des parlementaires de la re?gion pour que le Premier ministre ne puisse pas imaginer un seul instant ne pas suivre l'avis du jury", souffle le pre?sident de Lille-II. Une formule alambique?e traduite en "off" par un autre acteur du dossier : "Nous nous demandons ce que de?cidera le gouvernement si la re?gion passe a? droite, voire a? l'extre?me-droite, en de?cembre"
Sylvain Marcelli