Isabelle Jaouen, de Pierrefonds à la Burj Khalifa

Cette juriste de formation a développé avec son mari une affaire de chocolat de luxe à Dubaï, au pied de la gigantesque Burj Khalifa. Cette juriste de formation a développé avec son mari une affaire de chocolat de luxe à Dubaï, au pied de la gigantesque Burj Khalifa.

Cette juriste de formation a développé avec son mari une affaire de chocolat de luxe à Dubaï, au pied de la gigantesque Burj Khalifa.

« Je suis une juriste reconvertie dans le chocolat ». Isabelle Jaouen n'a pas vraiment le profil du routard mais plutôt de la consultante expérimentée, qu'on n'attend pas forcément dans une activité de chocolat premium aux Emirats Arabes Unis. C'est pourtant là que cette native de Pierrefonds a posé ses valises en 1997, pour y conduire avec succès cette aventure chocolatière. Ses débuts professionnels en droit l'avaient déjà menée à Dubaï et Zurich pour le compte d'un groupe saoudien. Elle travaillera ensuite quatre ans comme consultante indépendante à Téhéran en accompagnement de grands groupes français à l'export, à cheval entre l'Iran, Dubaï et Paris. « Il s'agissait de monter des crédits acheteurs, c'était la belle époque où le marché était monopolisé par les Allemands, mais où le ministère de l'économie soutenait l'export », raconte-t- elle. En 1993, l'Iran accumule les retards de paiement et rend très compliquées les activités sur place. Elle s'installe alors à Dubaï comme indépendante. C'est là qu'elle rencontre celui qui deviendra son mari, Vincent, venu de l'univers de la joaillerie et qui voulait lancer aux Emi- rats une activité de pralines, à l'occasion du premier Shopping Festival. « On se vouvoyait à l'époque. Il m'a demandé si j'étais intéressée à développer un bu- siness de chocolat », raconte-t-elle. Isabelle se lance avec un premier petit atelier en 1997, avec pour marché le monde des entreprises et notamment des hôtels. Très rapidement, les deux tourtereaux rachètent une petite affaire complémentaire de packaging, en difficulté, afin de réaliser des emballages sur mesure, sur des supports luxueux, souples, avec des surpiqûres si nécessaire. « De vrais écrins ! », dit-elle.

Mais des Dalloz au chocolat de luxe, il y a un monde. « Nous n'étions pas du métier, nous avons fait venir des consultants, des chocolatiers, qui ont mis au point des gammes classiques mais aussi des gammes dites « fusionnelles » », explique la dirigeante. Fusionnelles, c'est à dire en phase avec la culture locale, utilisant par exemple du halwa, une pâte très so- phistiquée aux épices et au safran, mais aussi le tahini (crème de sésame) et même des pétales de rose.

Mais c'est en 2006 que l'aventure prend un nouveau tour. Le couple ouvre une boutique dans l'immense Dubaï Mall, au pied de la Burj Khalifa, la plus grande tour du monde. Le succès est immédiat, avec un changement de nom de l'enseigne, du peu flatteur Délice Industrie au plus élégant Forrey & Galland. Un nom redécouvert par le hasard des conversations de famille avec son beau-père qui se souvenait d'un grand-oncle chocolatier en 1912. La marque, tombée en désuétude, a pu ainsi être ressuscitée.

L'activité a rapidement décollé, pour employer jusqu'à 90 salariés et accrocher de grosses références comme la compagnie Emirates, des grands hôtels, de grandes banques, des institutions gouvernementales, voire quelques marques françaises telles Cartier ou Dior.

Le coronavirus a mis un grain de sable dans la success story. Il a fallu diviser par deux les effectifs, et surveiller au plus près la trésorerie. Isabelle Jaouen, très militante de l'export - elle est conseillère du commerce extérieur et milite pour l'extension du PGE aux entreprises des Français de l'étranger -, reconnaît que les patrons français hors des frontières sont bien seuls, alors qu'ils contribuent fortement au rayonnement du pays. « Ne pas être aidés, c'est un vrai souci ».