Attractivité : Jacques de Chilly "Le soutien public reste essentiel"

Jacques de Chilly est un des initiateurs de l’aventure « ONLYLYON » et l’un des spécia- listes français de l’attractivité territoriale. Ex-DG de « Aderly-Invest in Lyon » (Agence pour le développement économique de la région lyonnaise) et ex-DG-adjoint de la métropole Grand Lyon, il observe le sujet lillois avec intérêt et esprit critique.

Rappelez-nous le contexte du lancement d’ONLYLYON...

Cette aventure s’est construite en 2006, appuyée sur une étroite collaboration entre le monde politique et l’éco- nomique. Cette dimension collective est un des éléments clef de la réussite de ce projet. Lyon progressait alors sur de nombreux plans (industriel, technologique, culturel...) mais souffrait d’un vrai déficit en matière de marketing international. Un faisceau d’acteurs lyonnais (l’Opéra, l’Ecole de Management, le Centre des Congrès, l’Université...) souhaitait rejoindre le top 10 européen. Une aspiration forte à la promotion internationale s’est alors exprimée. L’exemple de Barcelone et de son rayonnement nous aséduits et convaincus d’agir. Tout est parti de là : il ne suffit pas de bien faire ; il faut le dire également. ONLYLYON, marque unique du territoire, est née de cette volonté  commune. Elle s’est immédiatement positionnée au plan international, débordant rapidement sa vocation économique et touristique initiale.

Quels ingrédients font son succès ?

Une marque simple (un anagramme), construite sur un principe parfaitement partenarial : les 9 grands acteurs du territoire -devenus 13 - ont porté le projet de A à Z. Nous avons également agi au bon moment : le besoin était réel et les forces vives mobilisées. Nous nous sommes inspirés de la séquence « I Amsterdam » -autre référence- et de sa dynamique. La question des moyens est également clef : 500 K€ au lancement ont rapidement laissé place à un budget annuel de 5 à 6 M€. Une équipe dédiée et indépendante a également été constituée dans la durée. Des outils ont été mis à son service : un puissant réseau d’ambassadeurs -pas très original mais très efficace- et l’usage appuyé des réseaux sociaux.

Enfin, une stratégie de développement économique claire et concentrée, afin d’éviter la dispersion : 3 axes prioritaires correspondant à nos vrais avantages compétitifs et des territoires de conquêtesprécis et cohérents. J’évoquerai la Chine, appuyé sur l’industrie de la soie et une proximité universitaire de longue date, et les Emirats, dans la continuation de la desserte de Dubaï par Emirates.

 

Quel regard portez-vous sur l’attractivité lilloise ?


Je dois avouer qu’au départ, notre concurrent direct était plutôt Toulouse, voire Marseille. Depuis trois ou quatre ans, on a vu Lille revenir fortement, notamment sur l’immobilier. Je suis aujourd’hui convaincu que nous jouons dans la même « classe ». Nous partageons une position géographique privilégiée, des actifs forts dans le domaine de la santé et des potentiels-perspectives très similaires.

Je pense que Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes ou Montpellier sont derrière, malgré leur avantage en matière d’attractivité « climatique-Sud » qui reste un vrai sujet pour Lille, notamment sur la cible des cadres. Il faut attirer les talents pour attirer les entreprises et la question de l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle pèse de plus en plus lourd. Enfin, il nous semble que Lille a souffert d’un manque d’incarnation politique sur le sujet, à l’instar de Marseille, pour d’autres raisons. Heureusement, les entrepreneurs de la métropole lilloise ont largement pris le relais ; c’est même une caractéristique forte au Nord : c’est le monde économique qui porte la dynamique d’attractivité (un peu à l’inverse du cas lyonnais). Mais le soutien public reste essentiel, notamment pour inscrire la démarche dans la durée, la soutenir par des moyens budgétaires et lui permettre de communiquer efficacement.