La Catho inocule rev3 dans son campus historique

Derrière son bardage de terre cuite soulignant son architecture épurée, le bâtiment de la rue du port à Lille accueille les aménagements finaux. Il sera livré dans quelques jours, avant une inauguration formelle en novembre. Il ne s'agit pourtant pas d'un immeuble tertiaire flambant neuf d'Euralille mais d'un bâtiment érigé... en 1956 pour sa première partie, les années 60 pour la deuxième, le tout réhaussé de deux étages en 1986. Situé derrière l'hôtel académique de la Catho, cet ensemble de 6500 m2 devenu obsolète devait être mis en conformité sur tous les plans. Or la région se lançait en parallèle dans la troisième révolution industrielle. « Très vite, nous avons décidé d'en faire un bâtiment démonstrateur pour la recherche, la pédagogie. Il devient un bâtiment phare de rev3», expose Benoît Bourel, vice-recteur en charge de la responsabilité sociétale. Un enjeu qui valait un investissement très significatif, de 12 M€, mais qui va bien au-delà d'une pure logique immobilière. Désormais unifié par une façade modernisée, l'immeuble Rizomm coche toutes les cases du développement durable et connecté. Toiture solaire – s'ajoutant à celle de l'amphithéâtre voisin, soit 1200 m2 de panneaux en autoconsommation, bardage brise-soleil évitant la fournaise l'été dans les étages, bâtiment intelligent sur ses cinq niveaux, salles de cours modulables, tout est automatisé sous la responsabilité d'un manager de la performance énergétique. Ainsi une salle ne sera chauffée que si son occupation est programmée. Mais les usagers garderont partiellement la main, par exemple pour modifier l'intensité lumineuse ou la température, avec une amplitude maximale de quatre degrés. La production d’électricité, l’autoconsommation et la charge de vehicules électriques seront pilotés en temps réel.

Hybridation

Rizomm a vocation à être « un démonstrateur socio-technique » et un objet de recherche et d'études autour de l'interaction usagers/bâtiment. Car si les caractéristiques techniques du bâtiment conditionnent sa performance, 10 à 15% de la consommation énergétique dépendent des comportements de ceux qui y vivent.

 

Au demeurant, des « challenges énergétiques » sont déjà organisés depuis des mois dans d'autres bâtiments de la Catho, via une appli de la start up lilloise Energic, qui attribue des points lorsque la consommation est réduite. « La recherche qui sera hébergée dans le rizomm est liée au bâtiment, qui produira lui-même beaucoup de données. Il s'agit de l’unité de recherche sur la ville intelligente et durable au sein de la faculté de gestion, économie et sciences, comprenant un pilier sur l'entreprenariat social, les nouveaux modèles économiques, la transition énergétique, l’écologie urbaine et le numérique », précise Benoît Bourel, qui évoque aussi un écosystème pédagogique interdisciplinaire avec 250 étudiants d'horizons fort variés afin de fa- ciliter l'hybridation en master.

La Catho ne compte pas s'arrêter à ce premier programme. Elle s'est fixé l'objectif zéro carbone dès 2021 sur son îlot historique. Au menu, de nouvelles centrales photovoltaïques, la rénovation des bâtiments, mais un nouveau mix énergétique du réseau de chauffage urbain de Dalkia qui sera alimenté par le centre de valorisation énergétique d'Halluin, complété d'investissements dans des productions d'énergie renouvelable hors Lille

O.D.