La CCI pilote une filière originale de recyclage dans l'Oise

Le gisement des supports d'étiquette représente un volume significatif. Sous les auspices de la CCI isarienne, une filière de recyclage se met en place. Le gisement des supports d'étiquette représente un volume significatif. Sous les auspices de la CCI isarienne, une filière de recyclage se met en place.

Dans l'Oise, la CCI est parvenue à fédérer une dizaine d'industriels afin d'identifier un gisement de déchets potentiellement recyclables. Résultat : 300 tonnes de supports d'étiquettes ont déjà été collectés pour être transformés en papier.

 

Transformer un déchet coûteux en un matière première rentable. Une équation difficile à résoudre, tant il est souvent complexe d’identifier non seulement les gisements de matériaux, mais aussi d’atteindre des volumes suffisamment importants pour garantir l’équilibre économique d’une filière de retraitement. Résultat : trop de ces déchets industriels banals (DIB) finissent enfouis, engendrant des coûts supplémentaires pour les entreprises. La situation n’est pas inéluctable. En témoigne l’action innovante menée depuis six mois par la CCI de l’Oise, en partenariat avec 8 industriels locaux, dont Chanel, BASF, Colgate – excusez du peu ! – tous investis dans la création d’une filière de recyclage singulière. En l’occurrence, celle des dorsaux d’étiquettes, c’est-à-dire du support en papier, légèrement siliconé, sur lequel elles sont fixées avant leur utilisation. Ce produit original n’a pas été choisi par hasard. Au départ, c’est Chanel Parfums qui cherchait à financer une opération liée à l’économie circulaire. La CCI de l’Oise a donc mis en place des groupes de travail pour identifier un produit, les gisements et étudier la mise en place d'une filière dédiée. Avec une condition toutefois : celle-ci devait être économiquement viable. «A l’échelle d’un département, je pensais que ce serait difficile. Finalement, on y est arrivés », reconnaît Philippe Enjolras, président de la chambre. Plusieurs pistes sont alors étudiées, tels que le retraitement des  déchets bois, avant que l’idée des dorsales d’étiquettes, utilisées tant dans la grande distribution que l’industrie chimique, soit finalement retenue. Reste encore à organiser le système. Un appel d’offres est lancé à l’issue duquel Remondis, la filiale française du géant allemand Rethmann, spécialisée dans la gestion des déchets, est retenu. Charge à lui de négocier un tarif de rachat aux entreprises, de collecter la matière, de la regrouper sur son site d’Amblainville et de l’acheminer vers le transformateur final.

Cercle vertueux

«Fédérer cette dizaine d’acteurs a permis d’atteindre la masse critique nécessaire. Nous avons pu négocier le prix de rachat et ainsi garantir un prix de la matière première fixe sur l’année au papetier, contrairement au carton par exemple dont les cours fluctuent », explique Mathieu Roxo, responsable commercial de Remon- dis. C’est donc bien un cercle vertueux qui s’est ainsi constitué : plutôt que de payer 130 à 150 euros la tonne enfouie, les industriels sont rémunérés pour leurs déchets. Et le transformateur, en l’occurrence le papetier Wepa Greenfield de Château-Thierry, dispose d’une ressource fiable et sûre, à l’heure où le télétravail et la dématérialisation réduisent les sources de matières premières. Six mois après son démarrage le bilan de l’action, dans laquelle 100 K€ ont été investis, est positif avec près de 200 tonnes déjà collectées. «Le dispositif va monter en puissance et nous réfléchissons déjà à travailler sur d’autres ressources », annonce Philippe Enjolras