La Cité de l'IA va chercher l'inspiration à Tallin

La Cité de l'IA, émanation du Medef Lille Métropole, a mené une « learning expedition » dans un des pays les plus numérisés au monde, l'Estonie. De quoi décrypter un écosystème spécifique et inspirant, mais aussi se rassurer sur la dynamique collective sur le sujet dans les Hauts-de-France.

 

Pas moins de 49 sites d'actualité dans le monde sont rédigés par de l'intelligence artificielle (IA) génératrice de textes, selon l'agence Newsguard. Les vidéos « deepfake » gomment chaque jour davantage la frontière entre réalité et fiction. L'IA devient également une arme de contrôle massive de pays comme la Chine ou l'Iran. Qu'on se rassure, cet article est bien écrit par Eco121 et non par chatgpt. Malgré ses dérives, l'IA est aussi un outil incroyable qui ouvre de façon exponentielle le champ des possibles. Après un premier voyage immersif en Israël il y a quatre ans juste après sa création (lire encadré), la Cité de l'IA est partie cette fois en Learning Expedition découvrir un autre pays très avancé en matière de numérique, l'Estonie.

Un pays à la population équivalente à la MEL (1,3 M d'habitants), de la taille des Hauts-de-France, libéré du joug soviétique en 1991. Il s'est jeté à corps perdu dans la numérisation, sans tous les éléments de régulation auquel nous sommes habitués, sans équivalent de CNIL, par exemple. Il a institué une identité électronique unique et obligatoire au-delà de 15 ans, gérée par un double code pin, qui complète la carte d'identité physique. Un véritable couteau suisse (ou balte) qui facilite la vie quotidienne. Rencontrant la délégation nordiste, l'ambassadeur de France Eric Lamouroux s'est montré très enthousiaste : « Avec cette carte vous vivez, elle contient le permis de conduire, les ordonnances médicales, ma vie judiciaire est dessus, c'est génial ». Le verrouillage par blockchain est supposé garantir une sécurité complète pour les citoyens. Lors de l'élection législative il y a quelques semaines, le vote électronique est devenu majoritaire dans le pays (51%). « Nous sommes le premier pays à fonctionner comme un service digital », résume Otto Mättas, chef de l'IA au sein de Technopol, sorte d'Euratech local fondé par l'Etat, la capitale Tallinn, et l'université. L'Estonie a d'ailleurs développé un savoir faire qu'elle promeut dans le monde via une « e-gov academy ».

Le pays a bénéficié de crédits massifs de l'UE pour faciliter sa transition. Des friches industrielles transformées ici en centre d'innovation et de technologie (Mektory), là en pôle universitaire, en incubateur ou en quartier bobo branché. En trente ans, le pays a montré une résilience considérable, et une performance certaine : l'Estonie n'est pas peu fière de figurer au premier rang mondial (par habitant) nombre de licornes, ces entreprises innovantes valorisées plus de 1 milliard de dollars.

Champion mondial des licornes

Startup Estonia revendique 1 447 start up, représentant 9 954 employés (+ 22% en un an), ainsi que 10 licornes. « On est petits, donc il n'est pas possible de survivre sans réseau ni partenariats », expose Vahido Mikheim, directeur du département Deeptech de Startup Estonia. La délégation nordiste a rencontré plusieurs licornes à l'instar de Piperdrive, spécialiste de la CRM ou Veriff, 600 salariés, spécialiste de la vérification d'identité digitale. « Nous sommes une petite communauté, nous nous parlons et nous échangeons beaucoup, au-delà des relations formelles », décrypte son directeur opérationnel Indrek Heinloo. Wise, Skype ou encore Cleveron (casiers connectés) font encore partie des champions estoniens. Mais le lien entre l'écosystème et le développement de ces licornes n'a pas sauté aux yeux de la délégation française.

Que retenir de ce voyage ? Laissons Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole conclure : « Nous n’avons pas à rougir dans les Hauts-de-France de notre écosystème. Notre région doit devenir le leader national et plus du développement du numérique et de l’IA autour de la La Cité de l'IA et des acteurs incontournables. A nous de nous inspirer de cette formidable communication que fait Tallinn. Notre humilité nous coûte en terme d’image aujourd’hui. »

 

La Cité de l'IA en bref 

Cité de l'IA est née il y a cinq ans d'une réponse à un appel d'offres par le Medef Lille Métropole. Dotée d'un budget d'un million d'euros, cette structure unique en France regroupe 700 membres dont 70 très actifs, fédérant en un écosystème à part les acteurs des différents univers, entreprise, recherche, université notamment, autour de l'IA. Son comité de gouvernance inclut de grands acteurs comme Roquette, Lesaffre, Auchan Retail, Adeo, Getlink, Vilogia, l'université de Lille ou encore la SATT, mais l'outil a vocation à diffuser aussi auprès des pme. Au-delà des deux Learning Expeditions menées en Israël et en Estonie, la Cité de l'IA organise deux grandes conférences par an, 5 à 6 petits déjeuners thématiques ainsi que des podcasts tous les 15 jours. Elle accompagne aussi des entreprises via des consultants pour déployer des solutions d'IA. A noter que le 15 juin, la Cité de l'IA publiera un annuaire des certifications IA en Hauts-de-France.

Lire aussi : Communication : L'agence Cocoa met le cap sur l'IA

 

 

 

 

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