Picardie : La logistique après l'industrie

Le territoire a affirmé sa vocation logistique au cours des vingt dernières années, tentant ainsi de compenser les pertes industrielles.

En juillet dernier, les chiffres ont affolé les compteurs des élus locaux : 200 emplois, une emprise de 45 ha, un centre logistique de 110 000 m2, soit la plus grande plateforme logistique construite à ce jour en France, selon son promoteur, le groupe JJA. Le site est présenté comme ultra-moderne, intégrant les dernières innovations technologiques et une organisation de la supply-chain très performante.

Suivant de près l'annonce de l'implantation d'Amazon, la création de ce nouvel entrepôt de ce spécialiste des articles pour la maison (décoration, jouets, équipements de salle de bain, ustensiles de cuisine), est venue conforter la vocation logistique du territoire amiénois. Et ce, faute pour celui-ci d'avoir pu rebondir sur d'autres secteurs industriels à plus forte valeur ajoutée et moins consommateurs d'espaces agricoles...

En période de crise, les élus ont appris, bien malgré eux, que faute de grives on doit souvent se contenter de merles ! En témoigne d'ailleurs l'unanimisme suscité, de gauche à droite, par l'arrivée du controversé géant américain Amazon, régulièrement pointé du doigt tant pour ses pratiques managériales que fiscales. Dans l'ancien périmètre régional, le phénomène n'est pas nouveau. Depuis les années 1990, les plateformes logistiques ont ainsi fleuri un peu par- tout le long des routes et autoroutes. Au point qu'aujourd'hui, on en dénombre pas moins de 400, majoritairement. Soit un total de 12 600 em- plois très divers, du poste de chauffeur titulaire du permis PL au responsable logistique détenteur d'un diplôme supérieur.

Le tropisme exercé sur les investisseurs s'explique simplement par la position géographique de la région, un prix du foncier attractif –sans commune mesure avec ceux des agglomérations parisienne ou lilloise – ainsi que par la présence d'une main d'oeuvre abondante et disponible. A Amiens, les dernières annonces d'implantation ont généré un millier d'emplois, soit à peu près le nombre de postes détruits avec la fermeture de l'usine Goodyear.

> A lire aussi : La logistique régionale en plein boom.

Une nouvelle vie pour les friches industrielles

Continental Clairoix et Goodyear Amiens. En Picardie, ces deux noms résonnent comme autant de faillites industrielles avec pas moins de 2 500 emplois détruits. La nature ayant horreur du vide, ces deux friches vont connaître une nouvelle vocation, grâce à la logistique. A Clairoix, le maire de la ville, Laurent Portebois (SE), a confirmé le rachat intégral du site de 18 hectares par le logisticien PKM, basée à Noyon. Parmi d'autres activités, le parc doit accueillir le centre de formation en transport et logistique (IFRAC) qui représente, à lui seul, quelque 200 emplois. Mustapha Kherief, le Pdg du groupe, estime pouvoir implanter une dizaine d'entreprises sur place.

A Amiens, David Taïeb, le Pdg de BT Immo, déjà acquéreur de la base aérienne 103 de Cambrai, a mis la main, en juin dernier, sur les 28 hectares du site Goodyear. Le futur pôle logistique doit accueillir, sur 24 000 m2, les activités du groupe orientées dans l’univers enfant. Une zone d’activités comprenant des cellules de 100 à 500 m2 est aussi annoncée. Différents noms prestigieux ont circulé, les rumeurs évoquant une implantation hypothétique de Sarenza et même d'Ali Baba, le concurrent chinois d'Amazon sur le site.

Tags: