La Maison de la Photographie en appelle au respect et au secours

 

 

 

 

 

Ambiance solennelle lundi à la Maison de la Photographie de Lille pour une conférence de presse hors norme. Visages graves des membres du conseil d'administration de la structure culturelle phare de la photo en région depuis 20 ans. En cause, l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve l'association, et un appel au "respect des 20 ans d'engagement autour de la photographie à Fives". « Nous n'avons pas bouclé le budget 2018. Si les lignes ne bougent pas, l'association est en danger de mort à brève échéance », lance Pierre Coursières, président du Furet du Nord et vice-président de la Maison. Pour lui, la décision de la Ville de passer brutalement sa subvention de 130 000 euros à zéro juste avant l'élaboration de son budget rend l'équation impossible. Depuis cette décision, prise en décembre, la Maison de la photographie a déjà gelé 5 contrats de travail sur les 10 de l'association. Mais le fonctionnement de la structure n'est plus assuré et pour les administrateurs, la mort de la Maison de la Photographie est désormais plausible à court terme.

Pour eux, la réponse des collectivités de dissocier le financement du festival annuel des Transphotographiques (qu'elles accepteraient de financer à hauteur de 120 K€ répartis entre Ville, Département, MEL et Région) de celui de l'association elle-même n'a pas de sens. Car, au rythme où vont les choses, il n'y aura plus d'association pour porter l'événement, plaident-ils.

Les dirigeants de la Maison de la Photographie dénoncent aussi la suspicion d'insincérité portée sur leur budget 2018, qui était le même présenté à toutes les collectivités en décembre. Ils reconnaissent que le document a évolué ensuite pour tenir compte des négociations engagées avec la MEL. Pierre Coursières balaie les accusations en rappelant que l'association est vérifiée par un commissaire aux comptes, qu'elle a subi de nombreux contrôles (conseil régional en 2010, Ville en 2012, inspection du travail en 2013 et 2015, Urssaf en 2013, fiscal en 2016, Deloitte en 2017) sans que jamais aucune infraction ne soit déclarée. « Tout à coup la Maison de la Photographie se mettrait à faire des budgets insincères ? Ce n'est pas sérieux ! »

 

Personnalités du monde économique

 

Le président de l'association, Patrick Roussiès, président de la scène nationale du Phénix et adjoint au maire de Valenciennes, souligne quant à lui l'évolution très forte vers des financements privés que la structure a engagée depuis 5 ans. Elle est passée désormais à 60% de financement public.

« Connaissez-vous une seule association dans la région qui ait plus de 50% de son budget en auto-financement ?» On notera d'ailleurs que le conseil d'administration accueille des personnalités du monde économique, comme François Dutilleul, Pdg de Rabot-Dutilleul, André Grosperrin, DG de l'hermitage Gantois, Ludovic Masse, PDG de Ruko, ou encore Christine Dano, conseil en stratégie.

La Maison de la Photographie attend désormais une réponse de la part des collectivités dont le positionnement actuel ne permettrait pas d'assurer la pérennité de la « MP » ni des Transphotographiques. « Nous avons demandé à trois reprises d'être reçus à la Ville, nous avons demandé d'être reçus à la Région, pas de réponse », déplorent les administrateurs, pour qui le soutien de la Région devrait être évident, au vu des ambitions importantes affichées par Xavier Bertrand dans le domaine de la photo et son intention, en particulier, de créer un Institut Européen de la Photographie. La balle est donc renvoyée dans le camp des élus.  

OD