Budget 2019 : La Région retrouve des marges de manœuvre

Très contrainte par les engagements du précédent mandat et par une situation financière préoccupante, la Région avait pris d'importantes mesures d'économies les deux derniers exercices, approchant les 200 M€ de fonctionnement. De quoi s'offrir un budget primitif 2019, discuté depuis hier, avec davantage de libertés, à hauteur de 3,2 mds €.

« Discipline budgétaire scrupuleuse », « pas dévié d'un pouce », « en avance sur nos plans d'économie »... L'exécutif du conseil régional s'est montré très satisfait de sa trajectoire financière, lors de la séance plénière des 13 et 14 décembre, par la voix du rapporteur du budget, Jean-Pierre Bataille. De fait, les deux premiers exercices du mandat ont permis d'accumuler 187 M€ d'économies, permettant de regagner des marges d'épargne brute et d'autofinancement, et de desserrer l'étau de la dette. Son encours devrait atteindre 2, 94 milliards d'euros fin 2018, soit une amélioration de 110 M€ par rapport à 2017. Il devrait remonter ensuite jusqu'à un maximum de 3,4 mds€ en fin de mandat, mais avec une structure budgétaire assainie. « Ce n'est pas la dette qui est dangereuse, c'est sa capacité à rembourser », martèle Jean-Pierre Bataille qui souligne que par le cumul des économies, la collectivité aura économisé 900 M€ en fin de mandat. La collectivité est aidée également par une conjoncture favorable qui a dopé ses recettes de CVAE.

En attendant, le budget 2019 est marqué par quelques choix coûteux, à l'exemple de la reprise de l'exploitation de deux lignes d'équilibre TET de la SNCF, Paris-Amiens-Boulogne et Paris-Saint-Quentin-maubeuge. La facture totale atteint 37 M€ par an, compensée seulement par 15 M€ de recettes. Soit une facture -récurrente- de 22 M€ par an. « Que nous espérons retrouver dans la renégociation de la convention avec la SNCF d'ici au 30 juin 2019 », note Jean-Pierre Bataille. Le budget intègre en outre à la marge le PACTE, initiative nationale importante, à travers le Plan d'Investissement dans les Compétences (PIC). Mais ce dernier -portant sur 740 M€ sur cinq ans- n'est pas encore contractualisé.

En matière d'investissement, la collectivité va injecter 815 M€ (soit une hausse de 110 M€). On notera un engagement encore très modeste pour le canal Seine Nord d'un peu plus de 7 M€ en études. Les travaux démarreront une fois obtenue la garantie de l'Etat sur l'apport de son milliard d'euros. Les crédits affectés au projet son appelés alors à monter très fortement, jusqu'à 60 M€ en 2013, 80 M€ au delà.

 

« Pas à la hauteur »

 

Dans son avis consultatif, le Ceser a d'ailleurs manifesté son inquiétude devant les retards pris par le projet de canal Seine Nord. Il a aussi salué «les économies considérables » réalisées par la collectivité, mais également pointé deux faiblesses à sons sens dans le projet de BP: le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche « qui n'est pas à la hauteur » et l'absence du sujet de la formation tout au long de la vie. L'exécutif a répondu que des compléments budgétaires seraient en effet adoptés pendant l'année à travers des décisions modificatives au profit de l'enseignement supérieur.

Côté opposition, le conseiller régional Rassemblement national Jean-Richard Sultzer s'est voulu alarmiste. « Il serait temps de décréter pour notre région l'état d'urgence budgétaire », s'est-il exclamé, dénonçant une explosion de la dette en 2019 à hauteur de 3,2 milliards. Il a aussi dressé un parallèle entre le budget de la culture, en hausse, et celui du développement économique, qui lui serait inférieur. A quoi le rapporteur du budget a présenté les chiffres : 148 M€ pour la culture, 180 M€ pour le développement économique. « Votre budget est placé sous le triple signe de l'échec, de l'impuissance et du renoncement » a pour sa part dénoncé Philippe Eymery, président du groupe RN, soulignant entre autres l'échec en matière d'emploi, et stigmatisant « un budget plutôt au service d'une ambition présidentielle qu'au service des habitants de cette région ».