La région, très mauvaise élève de l'emploi sénior

Même si la situation s'est sensiblement améliorée depuis dix ans, les Hauts-de-France sont de loin la lanterne rouge du taux d'emploi des 55-64 ans.

 

41,6% de la classe d'âge 55-64 ans, autrement dit les séniors, sont en situation d'emploi dans la région. Soit près de 7 points en-dessous de la moyenne nationale. C'est un des enseignements de la dernière étude que vient de publier l'Insee Hauts-de-France, sur la période 2006-2016. L'enjeu est numériquement important puisque cette tranche d'âge représente quand même 760 000 personnes dans les Hauts-de-France.

Si la situation générale s'est améliorée en dix ans, avec une progression de 9,3 points du taux d'emploi, le progrès est moindre qu'à l'échelon national, ce qui creuse encore les inégalités.

Dans le panorama régional, l'état des lieux est toutefois assez variable d'un département à l'autre : le Pas-de-Calais décroche le bonnet d'âne national avec un taux d'emploi de 38,5% seulement, et l'Aisne est également très mal classée (3e pire score départemental en France), à hauteur de 41,3%. A l'inverse, l'Oise, sans doute aspirée par le moteur francilien, affiche un taux d'emploi nettement meilleur de 45,7% - toutefois encore inférieur de 2,5 points à la moyenne française. L'amélioration du taux d'emploi est portée fortement par l'emploi des femmes, qui gagne 10,1 points sur la période.

Chômage, qualification, emploi au féminin

Pourquoi la région affiche-t-elle une performance aussi médiocre ? L'Insee voit trois raisons principales : d'abord, et de façon presque évidente, notre région est déjà celle qui est le plus touchée par le chômage. Chez les séniors, quand le chômage national s'affiche à 10,9% dans cette population, il atteint 13,3% chez nous. Et quand ils sont au chômage, il y restent plus longtemps qu'en moyenne française. Ainsi deux chômeurs séniors sur trois des Hauts-de-France sont sans emploi depuis plus d'un an, tandis que qu'ils ne sont qu'un sur deux au national. Deuxième raison, le niveau de diplôme. Il est notablement plus faible chez nous qu'en moyenne française, avec un écart de six points au regard de diplômés du supérieur. Or la pro- babilité d'occuper un emploi est très corrélée au niveau de diplôme. Le résultat est spectaculaire : alors que 60% des 55-64 ans diplômés de la région ont un emploi, ce taux s'ef- fondre de moitié (31%) pour les non- diplômés. Dernière raison du gros différentiel de la région avec la mé- tropole française, le taux d'emploi féminin y est bien plus bas, soit 44,6% contre 51,8%. Le produit des caractéristiques socio-économiques du territoire, avec un âge plus pré- coce au premier enfant, des familles monoparentales plus nombreuses, beaucoup de femmes qui sont dans ce que l'Insee appelle « le halo du chômage ».

Et demain ? La situation semble ten- danciellement en amélioration, avec un taux d'emploi qui poursuit son redressement depuis deux ans, tirée aussi par le recul du chômage. Et un effet de génération qui devrait être favorable, puisque la pyramide des âges apporte progressivement des générations toujours plus diplômées, donc a priori, plus employables.

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