Le billet de Bruno Bonduelle

J’emprunte à mon ami Yannick Boucher, au prénom on ne peut plus breton, son titre sur 4 colonnes à la une de la Voix du 20 octobre sur fond d’incendie de palettes devant feu l’usine Doux. Une fois encore les deux lobbys bretons, politique et patronal,de Le Drian  à Le Foll, de Bolloré à Pinault, ont fait montre de leur efficacité, pleurant misère alors qu’ils baignent dans la prospérité, en dépit de quelques accidents récents.

 

Voilà près de cinquante ans que je parcours, en août, les routes bretonnes, les 4 voies comme les billards de l’intérieur superbement balisés et entretenus par des départements  apparemment cousus d’or. Partout, de coquettes maisons blanches aux toits d’ardoise et des  parcs d’activités design sortent de terre . Ni friches cafardeuses, ni jeunes qui tiennent les murs tagués, ni enfants Roms aux carrefours. Je cherche en vain les raisons de sortir mon mouchoir pour pleurer sur le sort d’un région passée en deux générations de la terre battue aux porcheries modèles, des lavoirs  municipaux aux Miele automatiques, des chapeaux ronds aux casquettes Burberry’s. Et que dire des retraités dorés sur tranche qui affluent sur les côtes, attirés par  la douceur du climat et l’éloignement des banlieues craignos?

 

 

Et nous alors? Depuis ces mêmes 50 ans, nous cumulons les records de fermetures de sites, de chômage,de maladies liées à la pauvreté; mais qui nous entend ? Bloquer les routes? Elles sont déjà bloquées matin et soir aux abords de Lille! Notre lobby politique ? Inexistant.Trop occupé à vider ses querelles picrocholines entre région et métropole, il n’a pas le temps d’arpenter les couloirs du 7e arrondissement. Nos grands patrons? Trop occupés à parcourir le monde à la recherche de relais de croissance, ils snobent les cocktails du 8ème. Leur TGV, c’est pour Roissy, pas pour la gare du Nord ! 

Nos péages ont payé jadis  leurs 4 voies gratuites.  Le coût exorbitant de nos billets Lille-Paris paient  la LGV Le Mans-Rennes dont on attend aucun retour sur investissements avant 50 ans.

Pourquoi d’ailleurs  la classe politique Elysée-Matignon s’intéresserait-elle à nous? Lorsque cette classe est à droite, elle pense  :" Quoique nous fassions pour eux, ils ne voteront jamais pour nous”. Lorsqu’elle est à gauche : “Ils voteront toujours pour nous quoiqu’il advienne, alors  pourquoi nous fatiguer pour eux ? “

Résignés après cinquante ans de déclin industriel, alourdis par la bière et le RSA, les braves ch’tis ne bougeront pas pour exiger un” plan Marshall” .