"RER Grand Lille, une utopie ?"

« Tu nous fatigues avec ton RER, personne n'en veut ! » Castelain pense à son métro, Bertrand veut le « picardiser, » autant le dire tout de suite, le placardiser ! Découragé, j'avais plié mes gaules lorsque, en ce début d'hiver, quatre nouvelles au hasard de pages du Monde et de la Voix sans lien entre elles me ramènent à mon dada des années Percheron :

1°  Le nouveau cœur de ville de Massy totalisera 210 000 m2 de bureaux et 5 000 logements.

« Le parti-pris architectural préfigure ce que pourraient devenir les quartiers en gestation autour des 68 futures gares du Grand Paris Express », écrit sans vergogne le journaliste. Au secours ! Mais personne ne proteste. Les Français sont tellement blasés par des siècles de concentration des richesses à Paris et en Ile-de-France ! Je sors ma calculette et multiplie 210 000 puis 5 000 par 4. N'était-ce pas le rêve que nous caressions à l'énoncé du tracé des quatre misérables gares de notre chétif RER Grand Lille ? Désormais un serpent de mer disparu dans la double indifférence d'une région et d'une métropole sourdes à cet enjeu majeur d'aménagement du territoire.

2° La dernière note de l'Insee Hauts de France :« Des cols bleus aux cols blancs ». En trente ans, la Région a perdu 344 000 emplois ouvriers.

3° L'URSSAF livre ses statistiques : «sur les 20 000 postes créés dans l'informatique en 2016, 18 000 l'ont été dans la Métropole »

4° IBM annonce 1000 emplois à Euratechnologies, Cap Gemini 800. Quant à OVH, elle peine à recruter à Roubaix. 

« La solution ne peut venir que des emplois d'avenir de la Métropole »

Voilà donc une métropole qui tire profit de la révolution numérique et de la mondialisation en ignorant les malheurs de ceux qui en pâtissent, les gens d'en bas, ceux qui vivent dans cette périphérie que l'on nomme, faute de mieux, l'ex bassin minier. Là où, scrutin après scrutin, Le Pen arrive en tête. Partout et pas seulement à Hénin. Un cri de révolte lancé par ceux qui se sentent oubliés par une métropole « hors sol », indifférente à la galère des jeunes talents formés aux IUT de Lens ou de Béthune. Ceux-là se lèvent à 6h pour, au choix, bouchonner sur l'A1 ou s'entasser dans des trains bondés.

Pourquoi le bassin minier et pas les autres territoires ? Le Grand Hainaut dispose de Valenciennes qui s'arroge le titre de métropole. Les Flandres s'en tirent à bon compte comme toujours. Le littoral bénéficie d'atouts exceptionnels, logistiques et touristiques. Reste, au milieu, ce territoire en déshérence. Certes, l'Etat vole à son secours et lance un ènième plan avec la rénovation de 23 000 logements. De l'assistanat qui ne sortira pas les arrière petits-fils de mineurs de leur retard de développement social et culturel. La solution ne peut venir que des emplois d'avenir de la Métropole car les plus doués des enfants de ce million d'habitants ne les trouveront ni à Douai, ni à Lens, ni à Béthune. Avec ce RER, il n'y aura plus de territoire périphérique, il y aura une Métropole de deux millions de Grands-Lillois. Utopie ! clament les conservateurs. J'ouvre mon petit Robert et lis « pays imaginaire où un gouvernement idéal règne sur un peuple heureux. »

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Publié le 02/12/2017 Tribunes libres

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