Le levier de la formation tout au long de la vie

Ce constat de déséquilibre vaut pour toutes les qualifications. Il s'applique à des professions valorisant des savoir-faire techniques et artisanaux précieux méritant d'être mieux reconnus. Il est également vrai pour d'autres activités, tel que les services à haute valeur ajoutée. Les sociétés de service informatique de la région Nord peinent par exemple à recruter les ingénieurs dont elles ont besoin. Les ressources en talents seront un des goulots d'étranglement pour différentes entreprises régionales de plus en plus centrées sur des innovations de modèles économiques, sur des nouvelles formes de coordination entre conception de l'offre et gestion de la relation clients.

Co-construction et co-investissement

La nature des activités économiques connaît, par ailleurs, des cycles de transformation de plus en plus courts. Les marchés sont de plus en plus fragmentés et volatils. Par contre, la vie professionnelle est longue et peut, parfois, être « enfermante ». Le débat sur l'âge de la retraite favorise une perception plus aigue de ces phénomènes. Du côté de l'entreprise, l'animation humaine du changement est l'alpha de la conduite stratégique. Plus que jamais l'entretien des compétences techniques mais aussi les capacités d'adaptation, d'ouverture à d'autres modes de raisonnement et méthodes d'action constituent un impératif commun aux individus et aux institutions.

L'enrichissement professionnel tout au long de la vie est un moteur essentiel de l'économie et de la société. Plus que la seule emprise de la norme, il mérite lui aussi la diversité et la créativité dans les modalités, selon une perspective de co-construction et de co-investissement. Les nouvelles générations le demandent. Il s'agit d'un beau sujet de partage entre les individus, les entreprises et les institutions professionnelles et de formation.

Denis Dauchy, professeur de stratégie, directeur executive MBA EDHEC.