Le LFB veut tripler de taille avec sa nouvelle usine

Le LFB a ouvert son site à la visite le 31 mars, en présence du président de la CUA Frédéric Leturque. Le LFB a ouvert son site à la visite le 31 mars, en présence du président de la CUA Frédéric Leturque.

Le groupe public de biopharma joue gros dans sa nouvelle unité à Arras : il y investit 700 M€ pour tripler ses capacités de médicaments. De 250 salariés aujourd'hui, le site va passer à 650 d'ici 2028.

 

Chaque jour, 1 000 personnes s'affairent sur le chantier du LFB à Arras. Une fourmilière plutôt discrète sur un terrain de 20 hectares au bout du parc Magnapark, en périphérie nord d'Arras. Il se joue ici un enjeu industriel majeur pour la biopharma. Financier d'abord, avec un investissement passé de 550 M€ à l'origine à 700 M€. Une dérive qui s'explique par la durée du chantier – la première pierre avait été posée par François Hollande en juin ... 2016!- et par le contexte inflationniste. « L'acier a fait fois trois pendant le Covid », raconte Jacques Brom, un ex de Sanofi, nouveau dirigeant du LFB depuis quelques mois. « Il est rare dans une carrière de participer à un projet de cette ampleur. C'est une vraie fierté », souligne-t-il.

Car le LFB entend ici tripler ses capacités de plasma pour médicaments dans ses trois grands domaines : l'immunologie, l'hémostase et les soins intensifs.

De quoi passer de gros acteur français, qui dispose déjà du portefeuille de médicaments dérivés du plasma le plus large au monde (15 molécules) à l'un des 10 grands mondiaux dans son domaine, sur un marché en croissance de 7 à 10% l'an. Il n'est pas absurde d'envisager un triplement du chiffre d'affaires à terme, lâche Jacques Brom. Le LFB, qui réalise aujourd'hui deux tiers de ses ventes en France, sous prix administrés, cherche des leviers de croissance et de rentabilité hors des frontières. Il n'hésite pas à parler de l'usine d'Arras comme d'un « pilier stratégique pour (son) redressement et (sa) pérennité ».

La construction d'une usine pharmaceutique ex nihilo, à partir d'un simple champ agricole, est un cheminement long et particulièrement encadré, avec la nécessité d'obtenir des tonnes d'accréditations. L'une d'entre elles sera l'agrément FDA. « L'objectif est de faire quelques pourcents de chiffre d'affaires aux Etats-Unis », dévoile le directeur général.

"Ici, on sauve des vies"

La montée en régime s'accélère aujourd'hui. L'usine, bâtie, commence les tests de production. Les embauches ont largement commencé puisque le 200e CDI a été signé en février (dont une trentaine de salariés issus de l'ex usine Bridgestone de Béthune), et que la direction annonce 150 recrutements sur l'année 2023. « Nous serons 450 en 2025 et à terme entre 600 et 650», précise Cédric Desprez, le directeur du site. Presque autant que le site lillois, qui cessera la fabrication d'immunoglobuline, transférée à Arras, ainsi que 250 salariés, sur la base du volontariat. La qualité des recrutements est un point clé de la réussite de l'usine, compte tenu des enjeux de sécurité sanitaire. «Au-delà des diplômes, nous demandons un certain nombre de valeurs. Le savoir-être, dans les métiers du médicament, c'est clé. Ici on sauve des vies», souligne Jacques Brom.

Reste une question délicate, celle des approvisionnements en plasma, la matière première. Les besoins du LFB passeront de 1,2 million de litres par an à 3,4 millions. Dans un contexte où les dons sont toujours très tendus, il s'agit de bien anticiper, même si le LFB dispose déjà de ses propres centres de collecte en Europe comme aux Etats-Unis. L'Etablissement Français du Sang (EFS) va lui aussi accroître sa capacité et lancer des appels d'offres dans certains pays.

 

Le LFB en bref

2 500 Collaborateurs 
dont 2 000 en France
dont 1000 aux Ullis et 817à Lille
CA 2021 : 458,8 M€ (dont 70% en France)

LE PROJET D'ARRAS
20 ha
700 M€ d'investissement
650 emplois à terme, dont 40% transférés de Lille