Le Nord desserre son étau budgétaire

 

Le conseil départemental du Nord va adopter lundi et mardi son budget primitif 2019. Le premier département de France par son budget (2,7 mds€) et sa population (2,5 millions d'habitants) sort peu à peu de l'ornière financière. Ainsi l'étau de la dette se desserre-t-il nettement : l'encours a été ramené de 1,4 md€ en 2015 à 1,239 md€ au 1 er janvier 2019 (-4%), une charge qui devient tolérable grâce à l'amélioration de l'autofinancement. La capacité de désendettement passe désormais à 6 ans cette année contre 13,1 années de remboursement en 2015.

Le budget 2019 est marqué par près de 27 M€ de recettes exceptionnels de l'Etat, soit 18,6 M€ par an pendant 3 ans (fonds d'urgence des allocations individuelles de solidarité) et 9 M€ via le fonds de péréquation interrdépartemental. A ces montants doit s'ajouter une enveloppe de 4,5 M€ via le plan de lutte contre la pauvreté. Autre bonne nouvelle, les DMTO (« frais de notaire ») liés aux transactions immobilières restent anticipés sur des niveaux élevés. Ils sont attendus à 320 M€ en 2020 après 335 M€ en 2018, mais à comparer à des exercices beaucoup plus tendus comme 239 M€ en 2014 ou 283 M€ en 2016.

 

Explosion inexpliquée de la PCH 

 

La solidarité représente toujours la part prépondérante des dépenses de fonctionnement (74%, soit 1,9 md€), record de France parmi les 104 départements. L'exercice affiche 35 M€ de plus pour la solidarité (6 M€ pour le handicap, 10,9 pour les personnes âgées, 8,8 pour les mineurs non accompagnés, entre autres). L'exécutif entend par ailleurs auditer son dispositif de prestation compensatoire du handicap (PCH) dont les coûts s'envolent de façon inexpliquée, sur un rythme double de celui du Pas-de-Calais, par exemple.

Cependant, grâce à une politique volontariste de retour à l'emploi, le Nord espère un repli du nombre d'allocataires du RSA et des dépenses afférentes. La collectivité a décidé dans cette logique de créer 8 maisons départementales de l'insertion et de l'emploi sur le territoire.

En terme d'investissement, la collectivité programme 240 M€ d'équipements (130 M€ au titre de la solidarité territoriale, 80 M€ sur la solidarité humaine, notamment).

Le conseil départemental ne bouge pas sa fiscalité cette année après avoir réduit ses recettes fiscales de 50 M€ l'an dernier. Néanmoins, le taux de foncier bâti reste le plus bas de la région, à 19,29% contre 22,26M% pour le Pas-de-Calais ou 25,5% dans l'Oise, pointe Jean-René Lecerf, président de la collectivité.

L'élu a profité de la conférence de presse de présentation du budget pour indiquer qu'il souhaitait revenir sur la mesure uniforme de limitation de la vitesse à 80 km/h afin de pouvoir la remonter à 90 km/h voire au contraire l'abaisser à 70 km/h en cas de tronçons dangereux. « Qui connaît mieux le réseau que le service de voirie des départements ? J'ai toujours été favorable aux solutions nuancées », lance le président du Département. Dossier à suivre, donc.