Le regard de JPM Banque d'Affaires - Quelle est la valeur de l'ESG ?

Par Eric Waldner et Sylvain Crosnier, Directeurs de missions Fusion-Acquisition 

Une étude publiée par le cabinet de conseil Deloitte le 1er juillet 2024 indique que 62 % des responsables M&A interrogés ont déjà renoncé à une acquisition potentielle en raison de préoc- cupations concernant des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).

Le prix de cession, voire la réalisation d’une opération de fusion-acquisition, dépend pour partie de ces critères. Ce qui pendant longtemps n’avait qu’une valeur morale pour l’entreprise est désormais un indicateur qui permet d’en pondérer la valeur financière.

L’information extra-financière, qui jusque-là agglomérait un ensemble relativement hétéroclite d’informations, se structure sous la pression réglementaire. Depuis le 1er janvier 2024, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) exige des entreprises de plus de 500 salariés qu’elles publient un rapport de durabilité dans leur rapport de gestion. Cette obligation s’étendra l’année prochaine aux entreprises de plus de 250 salariés. Par capillarité, ce sont également les entreprises plus petites – en tant que fournisseurs ou sous-traitants des premières – qui sont concernées.

Les critères ESG, au sens où ils permettent de situer l’entreprise dans son contexte environnemental, social ou de gouvernance, sont un indicateur de durabilité. Ils permettent d’identifier les risques auxquels elle est exposée et les solutions qu’elle a engagées pour y ré- pondre. Sécurisation des approvisionnements, anticipation de la réglementation, stabilité des ressources humaines, acceptabilité de l’offre et image de marque, ils apportent une information complémentaire concernant la qualité de l’entreprise.

Un sujet balbutiant mais de plus en plus prégnant

Si le lien entre les informations financières et celles dites extra-financières a toujours été, l’exploitation combinée qui en est faite est plus récente. Le sujet pouvait paraître abstrait il y a quelques années. Aujourd’hui, le corollaire de l’information extra-financière s’exprime en euros. Les banques et les investisseurs ont intégré cette nouvelle donne dans leurs activités. Par extension, c’est également le métier de l’évaluation et du conseil en cession qui évolue.

Le sujet est encore balbutiant et souffre parfois d’un manque de méthodologie, néanmoins il est de plus en plus prégnant. Les critères ESG, en éclairant l’information financière, sont un outil supplémentaire pour appréhender une transaction. C’est un exercice, avec tous les biais qu’il comporte, qui permet de se projeter dans l’avenir.

Quelle est la pérennité du modèle actuel de l’entreprise ? A-t-elle engagé une démarche de transformation ? La comptabilité d’aujourd’hui reflète-elle les défis à venir ? La performance actuelle est- elle représentative de la performance future? Et sinon, quel serait le coût d’adaptation de l’entreprise ?

Les réponses à ces questions ont de multiples conséquences financières, que ce soit sur les investissements à prévoir ou l’analyse du compte de résultat. Tous les pans de l’entreprise sont concernés : outil de production, logistique, ressources humaines, marketing, R&D, etc. Ramené au cas de l’évaluation et de la transaction, c’est donc potentiellement le multiple de l’opération qui est affecté... et par conséquent, la valeur de l’entreprise.

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