Le scandale du grisou inexploité

Malgré l'urgence de la crise, Gazonor n'obtient pas ses autorisations d'exploiter de nouveaux sites de gaz de mine. Un comble pour cette énergie locale 100% déconnectée des cours mondiaux.

De plus de 200 ans d'exploitation minière, il nous reste encore quelques terrils en surface, une centaine de milliers de kilomètres de galeries souterraines... et des milliards de mètres cubes de grisou, ce gaz de sinistre mémoire quand il explosait, emportant la vie de nombreuses gueules noires. Mais un gaz disponible immédiatement, que la Française de l'Energie évalue à 200 milliards de mètres cubes sur l'Hexagone (Lorraine et Nord-Pas-de-Calais), à comparer à une consommation française annuelle de 40 milliards de mètres cubes. Cette Pme spécialisée dans l'énergie exploite cinq puits de décompression à Divion, Avion et Lourches, via sa filiale Gazonor (dans laquelle est entré le fonds Rev3 Capital). Ce gaz est notamment utilisé par l'agglomération de Béthune pour son réseau de chaleur qui alimente pas moins de 6 900 logements et une cinquantaine de bâtiments publics, sans se préoccuper des cours mondiaux.

Gazonor serait capable « en quelques mois » de démarrer sept nouveaux sites pour lesquels les demandes ont été présentées à l'administration dès mars 2021. « Nous produisons déjà 50 millions de mètres cubes de méthane par an, nous pourrions multiplier entre 2,5 et 3 », indique Julien Moulin, président de Gazonor, qui déplore une absence de réponse des pouvoirs publics. « On a déjà préparé les commandes d'équipements, il n'y a plus que les raccordements à mettre en place ! » L'investissement est chiffré à 32 M€. En Lorraine, son groupe pourrait faire encore mieux, avec un potentiel de production jusqu'à 2 milliards de mètres cubes par an, soit 5% de la consommation française, cette fois à partir du minerai. Là encore, l'industriel attend une autorisation de concession demandée il y a ... trois ans. Outre la souveraineté énergétique, avec une énergie considérée comme verte par la taxonomie européenne, le fait d'exploiter le méthane permet d'éviter qu'il ne s'échappe naturellement dans l'atmosphère avec un effet de serre bien plus élevé que le CO2.

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