Le sidérurgiste Liberty veut une usine d'acier propre à Dunkerque

Dunkerque. GFG Alliance, déjà propriétaire d'Aluminium Dunkerque, veut bâtir à proximité une usine de briquettes de fer pour produire de l'acier neutre en carbone. Un enjeu d'au moins un milliard d'euros. La faillite de la banque Greensill annoncée le 9 mars pourrait toutefois rebattre les cartes.

 

Le dossier est extrêmement technique, mais extrêmement stratégique. L'ensemble des aciéristes du monde sont confrontés à l'exigence de réduire leur teneur en CO2 et s'orientent tous vers de l'acier propre. C'est le cas d'ArcelorMittal à Dunkerque (Eco121 n°106). C'est aussi le cas de Liberty Steel, filiale du groupe britannique GFG Alliance, propriété de Sanjeev Gupta. Dans un communiqué du 22 février, le groupe, associé au luxembourgeois Paul Wurth et à l'allemand SHS Stah-Holding-Saar annoncent le développement commun d'une grande usine d'acier à base d'hydrogène décarboné. Cette usine produira des pellets et briquettes de fer, pour un volume de 2 millions de tonnes par an, à base d'hydrogène produit quant à lui à proximité par d'autres. Le concept est d'utiliser dans un premier temps du gaz naturel associé à l'hydrogène avant de basculer plus tard en 100% hydrogène. De quoi remplacer le charbon dans la phase de réduction d'oxyde et éviter le haut fourneau et ses émissions massives. L'ambition revendiquée consiste à rechercher la neutralité carbone à l'horizon 2030. « Notre industrie doit rapidement réinventer la production d'acier car la nécessité de réduire nos émissions devient de plus en plus pressante, dans un contexte de demande mondiale croissante pour nos produits et de pression législative pour devenir neutre en carbone », pércise Sanjeev Gupta, président fondateur de GFG Alliance.

L'intérêt pour la région serait double puisque ces briquettes de fer iraient ali- menter les fours à arc électrique d'Ascoval, devenue elle aussi (avec le train à fil d'Hayange) propriété de Liberty Steel. Les surplus seraient envoyés dans d'autres unités de Liberty Steel, à Ostrava et Galati, ou chez son parte naires SHS. « C'est une réponse à plusieurs. Nous ne croyons pas en des solutions nationales. Le challenge est tel- lement grand qu'on est toujours content d'avoir des partenaires dans différents pays », expose Jonathan Levy, président de Liberty Steel Eu- rope, qui espère aussi que ce projet pourra s'inscrire – avec les financements subséquents- dans le cadre du Green Deal européen.

Pour l'heure, s'ouvre une première phase d'étude d'une durée de douze semaines. En fin d'année, le choix du « go/no go » sera adopté, nous indique Jonathan Levy. Si le feu vert est donné, viendra l'heure des investissements. Des investissements très lourds dans ces métiers. Le président de Liberty Steel Europe évoque une fourchette de 500 à 1000 $ la tonne de production. La perspective d'un volume de 2 millions de tonnes porterait ainsi l'enveloppe financière nécessaire entre 1 et 2 milliards d'euros. Si le projet est très capitalistique, il générerait bien sûr de l'emploi, mais que le groupe britannique ne se risque pas à prévoir en l'état. 

Le projet pourrait toutefois être fortement remis en cause. Le 9 mars, la banque anglaise Greensill, qui finance GFG Alliance, a connu une retentissante faillite, qui ne sera pas sans conséquence sur le groupe britannique. Nous y reviendrons.