Le temps des mets : un miel de Provence ... nordiste

Le miel haut de gamme, ça se mérite. Patrice Jacquelin en sait quelque chose. Le chef d'entreprise nordiste, dirigeant de Guy Demarle parmi maintes activités, a investi il y a quatre ans dans une entreprise de Six-Fours (Var), le Temps des Mets. Une belle Pme de 50 salariés, spécialisée dans les produits gastronomiques de Provence : confitures, huiles, épices et miel. Originalité : dans la corbeille figurait une ferme apicole de 1000 ruches les bonnes années, qui a produit l'an dernier 7 tonnes de miels exceptionnels, qui bénéficient désormais de l'IGP de Provence et du label rouge. Une grosse partie de la production est du miel monofloral : miel de châtaignier récolté sur les coteaux d'Isère, miels d'acacias (robinier) et miel de lavande, récolté jusque dans lesAlpes de Haute-Provence, au-dessus de Manosque. Pas d'autre choix pour des miels d'appellation que d'aller sur place, de surveiller, de rajouter des hausses sur les ruches quand les abeilles « ont bien travaillé », et de nouer des accords avec des agriculteurs ou propriétaires fonciers locaux pour positionner les ruchers. Le « cheptel » repris avait été laissé à l'abandon, à telle enseigne que les abeilles étaient reparties au sauvage, devenues très agressives et peu productives. Et que l'activité perdait beaucoup d'argent. Les deux apiculteurs recrutés par Le Temps des Mets, Sylvain Destre et Sylvain Navarro, ont dû tout reconstruire patiemment, jusqu'à la sélection des reines, à partir des ruches les plus dynamiques, mais aussi suivre leur évolution. En parcourant des dizaines de milliers de kilomètres.Après deux années très difficiles -comme pour toute la profession, les efforts paient. Il faut voir la grande joie des deux apiculteurs lorsque ouvrant une ruche, sur le plateau du Revest de Bion, rayonnant de champs entiers d’une lavande de carte postale, ils constatent que les cadres sont pleins, justifiant une nouvelle hausse (la partie de ruche dont on extraitle miel, le corps central étant sanctuarisé pour la survie des hyménoptères).

Tricheries de faux apiculteurs

Pourtant, le métier n'est pas simple : bactéries, varroa, frelon asiatique, loque, mais aussi tricheries de certains
faux apiculteurs qui écoulent du miel italien en leur accolant le prestigieux « miel de Provence », vols réguliers de ruches ou de récoltes, sans compter les normes, les réglementations, les coûts de transports mais aussi les manipulations de ruches, particulièrement lourdes quand elles sont pleines, par tous les temps, car il pleut aussi dans le sud !

Patrice Jacquelin, lui, se régale. Pas seulement de son miel, mais aussi des progrès enregistrés. Les abeilles
n'agressent plus, leur production monte enfin, et les prix se tiennent à des niveaux élevés. Si les apiculteurs se veulent très prudents, car même une hausse pleine peut se vider en une semaine – pour lutter contre un coup de froid, par exemple, le Nordiste mise une production de 11 tonnes cette année.
Cette activité ne pèse encore qu'1% du chiffre d'affaires du Temps des Mets, sous la houlette d'un dirigeant hors normes, Olivier Manière (Saint-cyrien, ex de la Légion étrangère, ex-Dg de William Saurin...), mais joue un puissant effet vitrine. De la société, mais aussi de l'excellence française.