L'Ecureuil achève un exercice 2022 très positif

Ci dessus le nouveau siège, le ShaKe, voulu comme "une Agora ouverte vers l'extérieur", et dans lequel les équipes de la banque vont emménager dans les tout prochains jours. Photo Samuel Dhote Ci dessus le nouveau siège, le ShaKe, voulu comme "une Agora ouverte vers l'extérieur", et dans lequel les équipes de la banque vont emménager dans les tout prochains jours. Photo Samuel Dhote

Les secousses macro-économiques et géopolitiques n'ont pas perturbé la bonne marche de la Caisse d'Epargne Hauts-de-France en 2022. Celle-ci publie ce 1er mars des résultats annuels excellents, marqués par un maintien de son résultat net à 166 M€ pour un produit net bancaire (chiffre d'affaires) en très léger progrès de 1%. 2023 risque d'être un peu plus tendue. 

 

L'inflation, la hausse des taux d'intérêt et la guerre en Ukraine n'auront pas eu raison de la belle santé de la Caisse d'Epargne Hauts de France. La banque régionale vient de publier les résultats de son exercice 2022 marqué par une très belle performance globale. Elle accroît de 1% son produit bancaire net (PNB), à hauteur de 685 M€, sa production de crédits atteint 9 milliards d'euros (+ 22%), et sa collecte affiche un excédent d'1 milliard d'euros. Si le coût du risque a sensiblement progressé (+ 13%, à 54 M€), il reste limité et n'empêche pas la Caisse régionale de clore ses comptes sur un bénéfice net de 166 M€, l'équivalent de celui de 2021. « Ce résultat atteste de la pertinence de notre modèle 100% régional et coopératif », estime Laurent Roubin, président du directoire.

Dans le détail, l'activité envers les particuliers s'est bien comportée, avec même une augmentation des crédits immobiliers sur l'année (3,5 milliards d'euros), en dépit des limitations dûes au taux d'usure. "Nous avons fait le choix de ne pas donner de coup de barre", décrypte Laurent Roubin. L'activité patrimoniale a également été très tonique, avec une progression de 30% des encours sous gestion. Le réseau demeure dense à raison de 300 agences, de quoi assurer que "pas un client ne soit à plus de 10 minutes en ville ou 20 minutes à la campagne d'une agence" , pointe Philippe Lamblin, président du Conseil d'Orientation et de Surveillance, qui revendique un "supplément d'âme" à la banque coopérative. 

Développement stratégique au Benelux

Côté entreprises, la Caisse a engagé plus de 4,5 milliards de crédits nouveaux. Elle s'est particulièrement développée dans le domaine des financements structurés, avec plus de 1,7 milliard d'euros de dette arrangée. "On a battu un record", se réjouit Mickaël Kervran, membre du directoire. Elle pousse aussi les feux dans le capital-investissement, avec son outil commun avec deux Caisses régionales de Crédit Agricole (Brie Picardie et Nord de France), Regain 340, prolongé d'une année pour atteindre les 51 M€ de dotation, et participe à hauteur de 4 M€ au lancement du fonds d'investissement IGH 2, qui doit lever un total d'une quinzaine de millions d'euros. 

La Belgique, marché sur lequel la Caisse régionale s'est positionnée depuis 8 ans, connaît également une performance très solide (+ 17% des encours, à 830 M€), réalisée auprès des grandes entreprises et dans l'immobilier. Commencée dans la syndication avec d'autres banques auprès de grands entreprises, l'activité s'est depuis élargie pour couvrir le champ complet d'une banque (collecte, change, gestion de flux, M & A, produits obligataires, banque privée notamment). Une dynamique qui pousse l'Ecureuil à encore s'étendre dans le Benelux, d'abord au Luxembourg cette année puis aux Pays-Bas dès 2024 (uniquement dans le secteur corporate). Cette stratégie, qui s'appuie sur l'absence de Natixis en tant que telle en Belgique ou aux Pays-Bas, se traduit déjà de façon très tangible : l'activité a déjà quadruplé en quatre ans, pour représenter 2,5% du PNB de la Caisse d'Epargne Hauts de France,  et Laurent Roubin vise encore un triplement sur les trois prochaines années, en appuyant aussi sur le segment du transfrontalier (le suivi des filiales françaises d'entreprises belges et inversement). "C'est de nature à apporter pas mal de revenus dans la durée. On passe à l'étape 2 sur la Belgique", résume le président du directoire.

Effet ciseau

La Caisse régionale, qui vient tout juste de décrocher le label RSE international B Corp (parmi seulement 8 banques en Europe), revendique 1,1 million de clients, dont 40 000 nouveaux clients, et 400 000 sociétaires. Elle compte 45 000 clients professionnels et entreprises, un chiffre en hausse d'un quart en quatre ans. On notera aussi que la Caisse a lancé récemment une banque judiciaire, la Banque de l'Orme, chargée de couvrir les financements des entreprises en procédure collective. Celle-ci affiche désormais 400 clients, et vient d'étendre son périmètre à la région Normandie.

Après cet excellent exercice, le climat pourrait toutefois se dégrader, notamment du fait de la hausse réglementaire du taux du livret A, avec un effet entraînant sur les autres livrets de type LDD. "Cela produit un effet ciseau qui devrait durer au moins 18 mois, le temps que la situation se réajuste", anticipe Laurent Roubin.