Les acteurs de l'immobilier de bureaux témoignent

"La confiance revient", Benoît Tirot, directeur général Arthur Loyd

"Il ne faut pas tomber dans l'euphorie. Le volume n'est pas un indice suffisant, car qu'est-ce qu'une transaction ? Ce sont des entreprises qui bougent. Le tout est de savoir comment elles bougent. Il y a eu là trois effets conjugués : d'abord l'effet de la crise, qui fait que les entreprises rationalisent par des regroupements, ensuite les échéances des baux, enfin une baisse de valeur. Les coûts que représente un déménagement, et qui ne sont pas négligeables, ont été absorbés par ces effets conjugués et les déplacements ont été favorisés. La première conséquence est que cela a permis d'assécher un segment de marché en suroffre. La deuxième est que la confiance revient, car on voit que la demande est réactive, que la dynamique existe."
"Le privé est là, avec des projets", Vincent Martin, directeur régional BNP Paribas Real Estate

"Le premier trait saillant de l'année écoulée, c'est un marché tiré par le public. Beaucoup de demandes des administrations ont abouti début 2010. La direction régionale de la SNCF et l'Agence régionale de santé représentent à elles seules plus de 17 000 m2 sur Euralille. Un deuxième fait marquant est la taille des transactions en neuf. La surface moyenne a plus que triplé entre 2009 et 2010, passant de 350 m2 à 1 200 m2, pour 59 transactions seulement. Or le nombre de transactions est un indicateur important de la santé économique. Il sera intéressant, fin 2011, de le comparer avec 2010. S'il augmente, ce sera le signe que le marché repart. Les administrations ont fait le relais avec 2011, le privé revient avec des projets. Tous les ingrédients sont là."
"Le renouvellement du stock n'a pas encore démarré", Hugues Laffineur, Tostain & Laffineur

"L'offre disponible en neuf l'an dernier, issue de programmes initiés en 2006-2007, était très abondante. Les preneurs étaient les décideurs en termes de négociation, et cela a facilité le volume de transactions. Il faut y ajouter la nouvelle réglementation sur l'énergie et des écarts de prix non significatifs entre le neuf et le seconde main. Plus de la moitié du stock neuf disponible a ainsi été consommée. Et son renouvellement n'a pas encore démarré. Depuis 5-6 mois les investisseurs étudient de nouveau des programmes, mais il faut les lancer, puis les construire... Une chose est sûre : les premiers qui permettront la mise en chantier de programmes auront toutes les chances de les commercialiser !"
"Que les promoteurs lancent en blanc !", Patrick Duez, directeur régional CBRE

"On a dépassé en 2010, en transactions, le record de 2007, année de bulle spéculative. Mais les comptes propres ne totalisent que 21 600 m2, ce qui est décevant quand en 2007 on atteignait 60 000 m2. Le volume important des transactions a néanmoins permis de fluidifier le marché. Signe que le stock de neuf et de seconde main a rencontré les attentes des utilisateurs en termes de localisation, de qualité et de valeur locative. En 2011, il y aura tension sur le neuf de qualité bien placé. Le manque d'offre variée risque d'entraîner le report des choix, des utilisateurs pourraient ainsi rester où ils sont en renégociant leur bail. C'est un point de vigilance important. Il faut rapidement trouver la parade : que les promoteurs fassent leur métier et lancent des produits en blanc !"
"Nous avons anticipé la pénurie de neuf", François Dutilleul, membre du directoire Nacarat

"La situation est assez chahutée depuis 2007 : des investissements divisés par deux entre 2007 et 2008, par deux encore entre 2008 et 2009, une demande placée basse en 2009... En 2010 l'investissement a cessé de diminuer, et la demande placée s'est exprimée sur quelques belles transactions. Il y a eu trois moteurs : l'Etat qui réorganise son parc immobilier et la fusion d'administrations et services de grandes entreprises publiques ; l'attrait des parcs tertiaires ; et les progrès énormes sur les performances énergétiques. Nous avons anticipé la pénurie d'offre en 2011, en lançant par exemple des opérations en zones franches qui seront livrées avant la fin des avantages ZFU. Et nous avons bon espoir de sortir cette année des opérations en blanc."