Les élus de Ham jouent les réseaux contre la crise

Les petits territoires n’ont pas les moyens des grandes métropoles face à la crise. A Ham (Somme), les nouveaux élus jouent à fond l’effet réseau avec le monde de l’entreprise.

La crise, ici, on connaît. Trois décennies au moins qu’on la subit, à Ham, petite cité de 5000 habitants, à l’est de la Somme. Selon l’Insee, le taux de chômage y flirte avec les 18% pour un revenu médian qui ne dépasse pas 17 000 euros. Connue pour être l’un des berceaux de la chaudronnerie, la ville a subi les effets de la désindustrialisation et pis, joué de malchance. Derniers exemples en date de cet acharnement du sort: la reprise in extremis du site Pentair par Altifort, qui malgré un large soutien public, a finalement été renvoyé au purgatoire des projets industriels ratés. Ou encore plus récemment, la fermeture de la sucrerie d’Eppeville, propriété de Saint-Louis Sucre. C’est un industriel local - Eric Legrand - que les Hamois se sont donné comme maire aux dernières municipales. «Les prochains mois vont être compliqués. A la crise industrielle risque de s’ajouter les conséquences de la crise sanitaire », s’inquiète l’édile, élu avec 65% des voix. A peine intronisé, ce spécialiste de la fabrication de transformateurs électriques a voulu mesurer l’intensité de la situation économique en multipliant les rencontres avec les commerçants et chefs d’entreprise locaux. « Ces rencontres sont importantes pour tenter de mettre en place des réponses», estime-t-il. Bien entendu Ham s’est vu administrer tous les traitements et remèdes publics, censés inverser le déclin.

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Comme dans les autres zones sinistrées de la région, l’empilement des mesures s’y est exprimé avec brio. A tel point que les dispositifs sont devenus aussi illisibles pour les demandeurs d’emploi que pour les élus. «Il faut développer un suivi personnalisé des demandeurs d’emploi qui sont perdus entre Proch’emploi, la MeeF (maison de l'emploi et de la formation), Pôle emploi ettoutes les structuresd’aide. Nous devons aider à la mise enplace de formations répondant aux besoins locaux, dans la chaudronnerie ou l’agroalimentaire par exemple, partout où la demande d’emploi est vive », détaille le maire. Qui souhaite aussi rendre le service de développement économique de l'interco plus « pro actif » en allant « vendre la ville » sur des salons ou auprès d’investisseurs potentiels.

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« C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de m’entourer de retraités du privé, qui ont encoredes réseaux et sontinvestis dans les milieux patronaux. Moi-même, je suis vice-président de la CPME de l’Aisne», souligne le premier magistrat. Il souhaite, dans un premier temps, travailler sur l’immobilier d’entreprise. A Ham, une première initiative privée a vu le jour : la création par le styliste Jean-Luc François d’un atelier de formation des petites mains dans l’industrie de la mode. Aidé par les collectivités, la région notamment, la structure s’est illustrée en livrant des milliers de masques durant le confinement... à Saint-Louis Sucre notamment.

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