Les mécomptes du casino Barrière passés à la moulinette de la Chambre des Comptes

Avec 97,4 M€ de pertes depuis son ouverture en 2010, l'établissement lillois du casino Barrière est en souffrance. Son concédant, la mairie de Lille, gère plutôt bien la situation, selon le dernier rapport de la chambre régionale des comptes. 

 

On peut être le 8e casino de France et se trouver dans un modèle économique impossible. Cela semble le cas du casino Barrière de Lille, au vu du rapport que la Chambre des comptes vient de lui consacrer. Depuis la mise en service en 2010 de l'équipement, qui comprend aussi un hôtel 5 étoiles et un parking, au cœur d'Euralille, les pertes se chiffrent à 97,4 M€, à peine moins que l'investissement initial, soit 122M€, assumés par Barrière en tant que concessionnaire. Fin 2018, celui-ci affichait encore une perte nette de 7,1 M€, la situation étant notamment plombée par les dotations aux investissements initiaux. Mais le rapport de la Chambre évoque surtout une projection « beaucoup trop optimiste » de la fréquentation du site, à 1 million de personnes, alors qu'ils ont été 568 000 à franchir les portillons du casino l'an dernier, pour un produit brut des jeux (PBJ) de 40,8 M€, quand Barrière en attendait 100 M€. Néanmoins les magistrats admettent aussi l'impact « indéniable » de la crise de 2008 dans cette situation. Le groupe Barrière a recapitalisé régulièrement l'établissement, notamment en 2016 à hauteur de 38,6 M€. Il devrait à nouveau intervenir, estime la Chambre des comptes car les capitaux propres de sa filiale lilloise SLAT étaient négatifs fin octobre 2018 à hauteur de - 4,2 M€. Selon la SLAT, cette recapitalisation devrait avoir lieu d'ici au 31 octobre 2021.
Une crise que ne vit pas du tout la mairie de Lille, dont les recettes perçues sur la société ont progressé de 15% depuis 2014, même si les retombées financières ne sont pas aussi élevées que la commune l'espérait en début de contrat. Le rapport souligne que la Ville « contrôle efficacement son délégataire » et que le traité de concession « se révèle suffisamment protecteur des intérêts de la commune ».

 

Quelles retombées économiques ?

 

En revanche, il se montre très circonspect sur les retombées économiques du complexe Barrière, difficiles à évaluer à ce jour, tant en matière de tourisme, de développement économique ou de rayonnement culturel. En particulier, le rapport pointe que le casino n'a pas su capter le public dans sa zone de chalandise et notamment n'a pas réussi son pari initial d'avoir une part croissante de clients étrangers. Ceux-ci ne représentent que 20% des visiteurs. Les magistrats relèvent aussi que le taux de remplissage de la salle de spectacles n'est que de 55% quand le théâtre du casino de Toulouse est plein à 85% ou celui d'Enghien à 70%. L'activité hôtellerie (142 chambres) a affiché une nette amélioration entre 2014 et 2016, notamment grâce à l'euro de football, mais s'est stabilisée depuis, à un taux d'occupation de quelque 60%.