Les professionnels de la nuit toujours dans le noir

Il y a plusieurs mois, les professionnels de la nuit avaient bruyamment manifesté leur colère place de la déesse à Lille Il y a plusieurs mois, les professionnels de la nuit avaient bruyamment manifesté leur colère place de la déesse à Lille

Région. Après un an de fermeture, les dirigeants des discothèques et clubs ne tiennent que grâce aux aides de l'Etat et désespèrent de pouvoir, un jour, réouvrir leurs établissements.

 

Quand atteindra-t-on le bout du tunnel ? C’est la question qui taraude, depuis plus d’un an maintenant, les professionnels de la nuit, gérants de clubs, patrons de discothèques, DJs ou portiers. Depuis le début de la crise sanitaire, leurs établissements sont désespérément fermés, contrairement à leurs homologues des bars «classiques » et restaurateurs, qui ont bénéficié d’un répit cet été.

A Lille, l’activité de Pierre-Olivier Vasseur, plus connu sous le nom de scène PO Watson, est quasi à l’arrêt. Chez ce producteur de musique, DJ reconnu, mais aussi patron de quatre établissements, dont une discothèque, c’est un sentiment de lassitude, teinté d’amertume, qui prédomine désormais. Le fonds de solidarité ? Il le touche, certes, et il lui permet de tenir. «Mais il faut bien avouer qu’il y a eu du retard à l’allumage ! Le système du fonds de solidarité basé sur les 20% du ca – le système le plus juste - n’a été mis en place qu’en fin d’année, soit neuf mois après le début de la crise... Et sans rétroactivité », fulmine le dirigeant, également en charge de la branche « nuit » de l’UMIH Hauts-de-France. Le chômage partiel ? Une autre mesure indispensable selon lui, mais dont le fonctionnement ne va pas sans poser de difficultés. Pour ses 75 salariés environ, la masse salariale mensuelle atteint 75 à 80 K€, qu’il lui faut avancer avant remboursement. «Depuis un an, l’administration a eu, par trois ou quatre fois, des retards de plusieurs mois. Quant aux congés payés qui s’accumulent, je tiens à rappeler qu’ils restent à la charge de l’employeur », explique Pierre-Olivier Vasseur.

Les assureurs ? Ils sont « les grands absents de la crise », selon Pierre-Olivier Vasseur, qui vient d’assigner le sien en justice. Pour tenir, lui et ses associés, dont les activités génèrent entre 4 et 5 M€ chaque année, ont dû contracter un PGE, en deux fois. 500 K€ au printemps, qu’il a fallu compléter par la même somme  en janvier pour soulager une trésorerie « en berne ». «A titre d’exemple, nous allions ouvrir l’alien dans le quartier d’Euratechnologies. sans activité préalable, pas d’aides, mais nous continuons à payer les loyers. Lors de la reprise, dans les bars-restaurants, on a vu nos frais fixes, de personnel, augmenter et ce pour respecter les contraintes sanitaires".

Le dirigeant regrette surtout de voir autant d’argent mobilisé à seule fin de maintenir les structures hors d’eau. « Cet argent ne servira pas à dynamiser les outils de production. Ces prêts forment une bulle toxique, une véritable bombe à retardement qui explosera lorsque les entreprises devront rembourser », déplore celui qui a investi près de 4 M€ en dix ans dans ses établissements. Pour autant, Pierre-Olivier Vasseur ne plaide pas pour l'annulation totale des dettes. Mais bien pour leur réaménagement sur le long terme ou mieux, selon lui, sur un système de compensation avec la TVA. Explication : au moment de la reprise, les sommes sur la valeur ajoutée seraient normalement payées par les chefs d’entreprise, mais serviraient à rembourser les crédits contractés. «Cette idée a déjà été émise, mais ne semble plus d’actualité. En tout cas, il est clair que le gouvernement doit encadrer les négociations avec les banques pour éviter que des inégalités se créent entre entrepreneurs. Le risque est bien réel », souligne le patron du Magazine Club.

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L'économie des discothèques (source Sacem)

 
• Nombre discothèques et bars dansants Hauts-de-France :150 environ

• CA moyens :

entre 0,5 et 1 M€ dans le Nord-Pas-de-Calais ;

0,3 à 0,4 M€ dans l'ex-Picardie;

• Capacité d'accueil moyenne : 400 à 500 places

• CA de la filière au niveau

national : 900 M€ environ

• Au niveau national, 50% des discothèques ont un CA moyen inférieur à 0,3 M€

• La dance, la variété et les musiques électroniques concentrent 70% de la musique diffusée.

 

 

 

 

 

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