Les professionnels s'attendent à une sévère crise du logement

« L'équation est aujourd'hui extrêmement tendue » Philippe Depasse, président de la FPI « L'équation est aujourd'hui extrêmement tendue » Philippe Depasse, président de la FPI

Comme tous les ans, les professionnels du logement réunis au sein du Cecim Nord ont présenté le bilan de l'année. Une année 2020 extraordinaire, qui aggrave la menace d'une sérieuse pénurie de logement à court terme.

 

Un effondrement de 36% des réservations de logements neufs collectifs, de 31% sur la maison individuelle, et de 60% sur les résidences gérées : en trois chiffres, le tableau de 2020 du logement neuf en région est dressé. L'observatoire régional du logement neuf fait bien triste mine cette année. Le même constat se retrouve partout, et dans tous les champs d'activité : ventes en bloc (-54%), au détail (-30%), mises en vente (-19%), réservations nettes (-36%), maisons, appartements, le plongeon est général. « Les Hauts-de-France subissent un fort recul qui interroge pour la suite de notre profession et de notre production », pointe Vincent Catrice, du Cecim Nord (centre d'études de la conjoncture immobilière).

Sur la métropole lilloise, qui concentre 62% des volumes de réservation de la grande région, le constat n'est pas meilleur : les réservations nettes, qui avaient progressé de 5% en 2019, dégringolent de 35% ; les mises en vente, qui avaient déjà baissé en 2019 (-24%) ont poursuivi la chute l'an dernier (-13%). Avec un effet en forme d'illusion d'optique, une hausse du stock disponible, mais sur le rythme d'écoulement du marché de 2020. Or les réservations ont brutalement remonté en janvier 2021 (+30% par rapport à janvier 2020). « Ca nous interpelle quant à notre capacité à remettre des produits en vente. On est en droit de se poser la question d'une pénurie de logement pour les années 2022 et suivantes», décode Vincent Catrice.

 

Pénurie de terrains

Cette évolution s'accompagne de surcroît d'une nette augmentation des prix, soit 3% en 2020, qui suivait une hausse l'exercice précédent (+5%). Une tendance qui ne risque pas de s'inverser au vu de la pénurie de terrains constructibles, des temps de montage et des procédures des opérations, sans compter la crise de la Covid et la réglementation environnementale RE 2020. « On s'attend à un impact de 5 à 10% sur les prix ». Seules bonnes nouvelles, les taux d'intérêt demeurent bas et le dispositif Pinel est maintenu. « On pensait que les élus seraient sensibles à ce que le secteur a beaucoup souffert. On connaissait le coup de frein pré-électoral. Force est de constater qu'on est dans un coup de frein post-électoral qui dure, c'est quelque chose d'assez inédit », déplore Philippe Depasse, président régional de la fédération des promoteurs. La nouvelle réglementation environnementale, très vertueuse en termes de performances énergétiques, «se traduira par une hausse non supportable pour les propriétaires occupants mais aussi pour les propriétaires bailleurs. L'équation est aujourd'hui extrêmement tendue ».

 

 Le marché ancien à la fête

Le neuf qui pleure, le vieux qui rit. Le marché de l'ancien s'est montré particulièrement résilient en 2020, selon les notaires, avec une année en dents de scie au fil des confinements et déconfinements. Et au final un recul des transactions limité à - 4,6% dans le Nord, - 0,2% dans le Pas-de-Calais. Mais ce repli s'accompagne d'une flambée des prix : +8,9% dans le Nord, et de 6,1% dans le Pas-de-Calais. « On n'est pas dans une bulle immobilière, mais dans un marché de pénurie », traduit David Benveniste, de la chambre interdépartementale des notaires du Nord-Pas-de-Calais. Le prix médian du m2 (appartement ancien)s'est établi à 2430 € pour le Nord, 2000 € dans le Pas-de-Calais, tandis que la maison médiane se vendait à 160 K€ dans le Nord, 140 K€ dans le Pas-de-Calais.