L'Octopus : gentillesse et ambition...précoce
Après avoir passé quelque quatre années en cuisine à la Laiterie de Benoît Bernard, le jeune Nicolas Choquet a officié comme chef au Pessoa dans le vieux Lille. Engaillardi de ces deux expériences, le trentenaire a ouvert en mars, avec son épouse, son propre restaurant qu'il a appelé l'Octopus, dans le vivant quartier du théâtre Sébastopol, déjà riche en restaurants-brasseries. C'est une salle blanche simple, style cantine, où le bois clair, plancher et tables, domine à l'horizontale, quand l'un des murs blancs est égayé des couleurs vives de grandes tentacules du mollusque qui dénomme l'établissement, peint par une artiste regionale, Claudia. La cuisine est ouverte en fond de salle, devant une estrade qui peut accueillir une belle tablée.
On y propose, sur ardoise, au choix deux entrées et deux plats pour la formule à 23 € et pour la carte deux autres entrées et deux autres plats, équipe réduite oblige. Ils sont changés toutes les deux semaines, mais leur accommodement peut varier au gré du jeune chef-patron.
Les ravioles de crabe aux œufs de saumon furent craquées, molles et peu goûteuses. Le ris de veau accompagné d’une purée de châtaignes (froide) et de salsifis à la texture de papier maché ne fut pas inoubliable.
En guise de desserts, une tarte au chocolat avec une boule au goût de petit suisse sablé et une compotée de pommes, glace (avec morceaux de) pop corn. Tout cela était précédé par trois radis, une languette de haddock, quelques linéaments de cœur de canard mous. Si la pièce principale de chaque assiette, comme par exemple, le ris de veau, le saint-pierre, le rognon (bien qu'insuffisamment dénervé), est de qualité et de cuisson correctes, les garnitures, chiches, et les associations ne nous ont pas convaincu, pas plus que les desserts. Etait-ce un mauvais jour ?
On sent le vent de la mode souffler sur la carte, mais le courage et la détermination d'en être ne suffisent pas pour faire de la haute gastronomie. Le service décontracté, enjoué, est sans manière, au contraire de la cuisine qui ne manque pas d'un désir de bien faire, mais pêche peut-être par excès d'ambition. Les vins proposent en blanc un chinon Pascal Lambert, un roussillon « J'ai rendez-vous avec vous », en rouge, un sud-ouest « Capecière », un La Clape (récente appellation près de Narbonne) « pierre de mer », médaille d'or du salon des indépendants.
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