Lorette et Vimy
On se serait bien passé de cette publicité mortifère, de ces projecteurs de la presse européenne braqués sur ce combat à mort entre les deux extrêmes. Une presse toujours voyeuse dès qu'il s'agit de décrire avec complaisance un territoire de désespérance et les baraques à frites-mayo. Pas de quoi retenir au pays les jeunes talents formés dans les meilleurs lycées de la région : Saint-Paul à Lens et Saint-Jean à Douai. Pas de quoi non plus y attirer les investisseurs alors que tellement d'atouts sont réunis sur ce territoire : des talents précisément, des terrains à profusion et, dans un rayon de 300 km, 80 millions de clients parmi les plus fortunés du monde.
Les clameurs délétères ont cessé. Bientôt les splendeurs du Louvre feront oublier les malheurs de Bollaert. Bientôt les commémorations grandioses de 1914 feront oublier les discours de rejet de l'Europe. Des milliers de jeunes qui ne comprennent rien à nos joutes d'experts de la zone Euro se rendront en pèlerinage à Vimy et à Lorette, les deux collines sacrées qui dominent Hénin-Carvin, à 20 km à vol d'oiseau.
Là-haut, ils contempleront des centaines de milliers de croix alignées : blanches pour les canadiennes, grises pour les françaises, vert de gris pour les allemandes. En s'approchant des tombes, ils découvriront avec horreur l'âge de tous ces John, François et Helmut dont les ossements gisent sous le gazon ; ou plutôt la fleur de l'âge : entre 20 et 25 ans ! Alors, si au bac on leur propose de commenter cette citation de Romain Gary : « Le patriotisme, c'est l'amour des siens ; le nationalisme, c'est la haine des autres », ils ne rendront pas copie blanche.
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