Louvre-Lens : 10 ans déjà. Et après ?

credit Frédéric Iovino credit Frédéric Iovino

Région. Avec son ADN à part ancré dans la sociologie de son territoire, l'autre Louvre affirme une griffe différente.
Pour ses dix ans, un programme d'envergure connecté avec les acteurs locaux doit prolonger son rôle de levier territorial.

 

La Sainte-Barbe 2022 (le 4 décembre donc) sonnera les 10 ans de l'inauguration de cet équipement majeur voulu par l'Etat... même s'il en a laissé l'essentiel du financement et du fonctionnement aux collectivités territoriales (lire Eco121 n°114). La même année marquait aussi l'inscription six mois plus tôt du bassin minier au patrimoine mondial de l'Unesco.

Après des débuts difficiles, une mobiisation longue à venir des collectivités et des milieux économiques autour de l'arrivée du plus grand musée du monde, la dynamique est désormais clairement enclenchée, veulent croire les acteurs du territoire et du musée. Autour d'une certitude : le Louvre-Lens n'est pas un musée comme les autres.

« Nous avons dix points de plus d'employés et d'ouvriers parmi les visiteurs que la moyenne nationale, soit 23% contre 13% », se félicite Marie Lavandier, conservatrice d'un musée vécu comme un levier de transformation du territoire. Avec une fréquentationinédite de population locale (250 000 Lensois depuis l'ouverture, pour une population de 30 000 habitants), « un ancrage local qui pour moi était une priorité absolue », nous confie la conservatrice. Et les visiteurs ne viennent pas seulement voir des œuvres. « Les gens cherchent à se ressourcer dans des milieux inspirants », poursuit-elle. « On travaille le court séjour, assez expérientiel, qui raconte un territoire et un relèvement territorial », confirme Sophie Wilhelm, directrice de l'office de tourisme de Lens Liévin. Résultat : cet ADN a permis au musée de résister bien mieux que ses homologues à la crise sanitaire. « On a noté après le premier confinement que le musée était une destination de substitution à des séjours à l 'étranger ».

Deux expos majeures en 2022
L'heure est à l'impulsion d'une nouvelle dynamique, autour des 10 ans. Avec un premier symbole puissant, signe de confiance du Louvre dans son petit frère lensois, le prêt pour un an du Scribe assis, une merveille égyptienne de 4 500 ans (la IVe dynastie), au rayonnement mondial. Une exposition de grande envergure a débuté en outre le 4 avril (jusqu'au 25 juillet) sur le thème de Rome, la Cité et l'Empire : un rendez-vous exceptionnel permis par la réfection des salles romaines du Louvre à Paris, qui s'installent donc temporairement à Lens avec pas moins de 400 œuvres majeures dont 300 n'avaient jamais été présentées ensemble hors du Louvre. Une autre expo très attendue suivra à partir du 28 septembre autour de Champollion et la voie des hiéroglyphes. Le territoire entend bien capitaliser à l'occasion de cette première décennie : l'office de tourisme a ainsi construit 10 séjours thématiques (art déco, muse et piano,  dans les pas de Champollion...) qui devraient drainer largement, avec l'appui d'un très gros plan de communication.

Et en point d'orgue la Sainte-Barbe, sainte patronne des pompiers certes, mais aussi des mineurs. Le territoire souhaite en faire un grand rendez-vous annuel, bien au-delà du seul musée, avec des événements démultipliés sur tout le périmètre, dont un festival des arts et du feu. «L'ambition est d'en faire un événement international, un grand rendez-vous totem qui, une fois par an, véhicule nos valeurs, nos identités », explique Gilles Huchette, en charge de l'innovation et l'action territoriale au Pôle Métropolitain de l'Artois, qui pointe l'impact du musée sur la gouvernance locale territoire :« Le Louvre-Lens a été un choc de coopération ». Un gage décisif pour l'avenir

 

En chiffres
Investissement initial : 118 M€
Coût de fonctionnement :
12,5 M€ / an
Coût pour les collectivités
en dix ans : 229 M€
(source Chambre régionale
des comptes)
Plus de 4,5 millions
de visiteurs depuis 2012
1 visiteur sur 3 a moins de 26 ans
35% de primo-visiteurs