Manager, éduquer… et surtout s’adapter ?

Il y a quelques années, alors que j’échangeais avec un éminent pédopsychiatre de la région, ce dernier me dit : si l’objectif est le même pour chaque membre d’une fratrie, le chemin pour y arriver sera sans doute différent d’un enfant à l’autre. Et, même si cela peut paraître surprenant, les parents doivent adapter leur éducation à la personnalité de chacun de leurs enfants… pour les faire progresser.

Recevoir un boomerang en pleine tête aurait peut-être été moins douloureux pour moi à l’époque que de prendre conscience de la puissance de ces propos. Et quel ne fût pas mon étonnement quelques mois plus tard, alors que j’animais une formation sur la posture managériale, d’avoir la sensation d’être l’auteur du lancer de boomerang ! Nous abordions les principes du management situationnel (provenant des travaux de Kenneth Blanchard et Paul Hersey), qui théorisent le fait que nous avons tous un style de management prédominant mais qu’il n’est pas efficace dans tous les contextes (sous-entendu avec tous nos collaborateurs !). Il convient en effet de repérer le niveau de développement, les moteurs et besoins de ces derniers pour adapter son style de management ! Plusieurs des participants, avec de belles carrières en management, ne voyaient pas cela d’un très bon œil  ;-) et l’un d’entre eux me dit : « cela veut donc dire que c’est à nous de nous adapter à nos collaborateurs et non l’inverse ? » Vous devinez ma réponse… et l’exigence qu’elle impose dans nos responsabilités de manager et/ou d’éducateur…

On ne « naît » pas manager… On le devient…. Et s’il a longtemps été admis qu’il fallait se former pour le devenir, je suis convaincue qu’avant toute chose, il faut se connaître.

En effet, en prenant conscience de notre propre singularité, il nous est plus facile d’identifier et d’accepter les différences de fonctionnement de chacun. Alors prenons de la hauteur avec Søren Aabye Kierkegaard, célèbre écrivain et philosophe Danois du 19ème siècle, qui a écrit ce texte sur le management : Si je veux réussir à accompagner un être vers un but précis, je dois chercher là où il est et commencer là, juste là. Celui qui ne sait faire cela, se trompe lui-même quand il pense pouvoir aider les autres.

Pour aider un être, je dois certainement comprendre ce qu’il comprend. Si je n’y parviens pas, il ne sert à rien que je sois plus capable et plus savant que lui.

Si je désire avant tout montrer ce que je sais, c’est parce que je suis orgueilleux et cherche à être admiré de l’autre plutôt que de l’aider.