Manuel Davy : les maths, du labo au retail

Acheter une tondeuse ? Rien de plus simple, me direz- vous ! Mais pour le vendeur, avoir le bon stock au bon moment rele?ve souvent du casse-te?te. Pour re?pondre a? la proble?matique, il existe pourtant des solutions pre?dictives. Voila? tout le savoir-faire de Vekia : en me?lant big data et machine learning, la socie?te? a de?veloppe? des logiciels capables d’anticiper, de ge?rer et d’optimiser les stocks de la grande distrib, un enjeu financier e?norme rapporte? aux milliers de re?fe?rences disponibles.
Aux commandes, Manuel Davy. A 43 ans, il boucle son deuxie?me tour de table : dans la bombe de ce cavalier normand e?me?rite, la bagatelle de 2,4 M€ apporte?e par les fonds Cap Horn Invest et Pleiade Venture, « des partenaires implique?s et experts sur lesquels nous pouvons nous appuyer », note t-il. Ils rejoignent ainsi Finorpa, entre? au capital de la pe?pite d'Euratech de?s 2012. Une nouvelle e?re s'ouvre pour l’e?diteur et inte?grateur de logiciels d’optimisation de la logistique : celle de la croissance acce?le?re?e. Il a re?cemment quitte? le Blan-Lafont pour s'installer dans 600 m2 flambants neufs du ba?timent Urbawood. De quoi accueillir la quarantaine de salarie?s, dont 10 nouveaux depuis de?but 2015, et 10 autres talents pre?vus d'ici fin 2016. L'objectif affiche? est clair : multiplier par 5, voire 10, l'activite? dans les cinq ans. Alors pour maintenir son avantage concurrentiel, Manuel Davy mise sur sa R&D (45% du CA par an y sont investis) et le renforcement de son e?quipe commerciale. De?ja? implante?e en Pologne et en Italie pour accompagner ses clients, Vekia a pu e?prouver son mode?le a? l'e?tranger et se mettre en ordre de marche pour attaquer l'Angleterre et les Etats- Unis. Avec une certitude pour le dirigeant : celle d’avoir une longueur d'avance avec ses deux logiciels, ProVisia et ProOrder, issus de 60 anne?es-hommes d'investissement.

« Barrie?re psychologique »
Manuel Davy aurait pu rester chercheur au CNRS. Son envie de « faire de la recherche-action avec une application dans l'e?conomie » a pris le dessus. Le saut d'obstacle vers le monde de l'entreprise s'est fait « assez naturellement ». En 2008, il tombe « la barrie?re psychologique » et be?ne?ficie de la loi sur l’innovation et la recherche pour sauter le pas de la cre?ation. Il a auparavant lance? au sein de l'Inria le programme SequeL de?die? a? l'apprentissage se?quentiel pour mettre a? jour un logiciel a? chaque nouvelle information. Auchan s'inte?resse a? la techno pour pre?voir l'affluence aux caisses. C'est le de?but d'une collaboration qui le pousse vers l’entrepreneuriat, conforte? par une expe?rience a? l'universite? de Cambridge ou? le passage de la recherche a? l'entreprise est plus courant. David Simplot-Ryl, directeur de l’Inria a? Lille, le qualifie me?me « d’ambassadeur pour la promotion de la R&D prive?e dans les e?cosyste?mes innovants ». Avec un grand-pe?re dirigeant d'une entreprise d'assurance et un pe?re chercheur en chimie, le jeune Manuel choisit Centrale Nantes pour ses e?tudes. Loin du retail, il consacre alors sa the?se a? la transcription automatique de la musique, qui a plus tard donne? lieu a? une publication. Puis la vie a mene? ce musicien – il a pratique? le violoncelle et la guitare e?lectrique - a? Lille, une re?gion « ou? il y a une re?elle volonte? de promotion de l'entrepreneuriat et des syste?mes d'accompagnement performants, notamment a? Euratech ». Mais loin des algorithmes quotidiens, il affectionne de se retrouver en te?te a? te?te avec son cheval. « Un bon sport pour de?connecter et prendre du recul»