Mauvais diagnostic Mauvais traitement
Jécrivais en janvier 2010 un article, paru dans ces mêmes colonnes en avril, qui abordait le problème des dettes dEtats alors que la question grecque commençait de défrayer la chronique. Je concluais que, faute daborder immédiatement et sérieusement le problème, nous risquions fort dêtre confrontés non plus à un type de dettes mais à deux, entendant par là celui de la dette privée par effet de rejaillissement sur le système bancaire des problèmes des dettes étatiques.
Cest malheureusement ce funeste scénario qui sest déroulé et on se doit de se poser la question : pourquoi avons-nous fait si mal ?
On peut évidemment, une fois encore, mettre en avant limpéritie des dirigeants politiques puisque ces atermoiements ont coûté la bagatelle de 100 milliards deuros daggravation, mais la bonne question nest-elle pas : ne disposaient-ils pas dune analyse erronée pour faire autant derreurs ?
Quand on lit et entend tout ce que déversent les « autorités » au sujet des causes de la crise, on parvient à la conclusion que la cause première serait la mauvaise gestion des finances publiques et lendettement excessif qui en est résulté. Lanalyse des déficits budgétaires et des ratios dendettement ont tôt fait de nous convaincre de la justesse de cette analyse et pourtant, à y regarder de plus près, bien des éléments objectifs démontrent quelle est fausse, à une exception près : la France.
De fait, avant la crise, des pays telles lEspagne et lIrlande affichaient des excédents budgétaires, le déficit du Portugal était inférieur à celui de lAllemagne, et lItalie affichait un excédent primaire quelle conservera jusquen 2010. On voit bien que les pseudos déficits passés nexpliquent en rien la crise profonde dans laquelle sont tombées les dettes étatiques de ces pays. Seule la France affichait des déficits publics récurrents depuis plus de 30 ans. Jexclus de cette analyse la Grèce, pays géré depuis le retour de la démocratie par une poignée de familles, une ploutocratie corrompue.
Ces pays avaient-ils des systèmes sociaux ruineux ? Autre explication aujourdhui mise en avant. Que nenni ! La proportion des coûts sociaux dans tous ces pays en crise, exprimée en pourcentages du PIB, était partout inférieure à celle constatée en Allemagne. Une exception encore : la France !
Comme on le voit, tant les déficits passés que les coûts sociaux nexpliquent pas par eux-mêmes la profondeur de la crise que traversent certains pays de la zone euro. Lexplication est ailleurs : dans lénormité de la dette privée avant que survienne la crise dite des subprimes, dette privée que les Etats durent se transférer au motif déviter la ruine des systèmes bancaires.
« Ne pas se retrouver e?trangle?s par une re?gle d'or comme avec le «blocor» dans les anne?es 30 »
Cest ainsi quen fustigeant un endettement étatique excessif, on est conduit à mettre en place des politiques dites dajustements structurels des finances publiques. En clair : réduire les déficits par des politique de « rigueur ».
On oublie alors une chose : quand un système privé est bien trop endetté il na dautre choix que de le désendetter progressivement et si les Etats eux-mêmes sont contraints de le faire en même temps, lissue est connue : la récession !
En fait, la vraie cause de tout ce gâchis était inscrite dans la construction même dune monnaie unique entre pays totalement différents du point de vue de lefficience économique. Une telle construction ne pouvait que conduire les pays les moins efficients à profiter de taux dintérêts anormalement bas, incitant alors à un endettement privé, et étatique dans certains cas, excessif, et à une prime aux exportations des pays économiquement efficients.
Croisons les doigts pour que la lucidité revienne, que le dogmatisme fuie nos contrées et quà force de vouloir à tout prix maintenir une construction monétaire bancale sans y porter une nécessaire réforme de fond, nous ne nous retrouvions pas économiquement étranglés par une règle dor, comme nous le fumes avec la mise en place du « bloc Or » dans les années 30 du siècle précédent.
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