Mobilisation générale contre le choc économique du virus

Au-delà des réponses sanitaires, c'est désormais sur le contrechoc économique que les acteurs publics et consulaires se concentrent. L'inquiétude est très palpable.

« Notre cellule prévention est en état d'alerte ». Le président du tribunal de commerce de Lille Métropole Eric Fledmann, engagé depuis des années dans une sensibilisation à l'anticipation des difficultés des entreprises, est sur le pont. « Il faut plus que jamais anticiper avant qu'il ne soit trop tard », analyse-t-il, pointant en premier lieu le secteur de l'événementiel asphyxié par les pertes massives de chiffre d'affaires. Après les cellules d'alerte gilets jaunes, puis Brexit, une nouvelle action spécifique est donc engagée. « On nous appelle sans cesse », indique Yann Orpin, président du Medef Lille Métropole, soulignant la violence du choc pour l'univers de l'événementiel. « Nous avons déjà pas mal d'appels de banques et d'entreprises », confirme de son côté Bertrand Fontaine, directeur régional de BpiFrance.

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Fonds de compensation ? 

Les acteurs s'attendent à une crise aiguë si les mesures d'interdiction, de restriction et de confinement devaient durer. Et prennent les devants pour aider les entreprises dans la tourmente. L'Etat a déjà de son côté annoncé un train de mesures, parmi lesquelles l'assouplissement des conditions du chômage partiel , des moratoires sur la dette sociale et fiscale, et évoque de possibles dégrèvements d'impôts directs. « On demande une amélioration de la rémunération en cas de chômage partiel, et un dégrèvement plutôt qu'un moratoire pour alléger les trésoreries », plaide Yann Orpin. « Il va falloir lancer l'idée d'un fonds de compensation et peut être d'un fonds spécial événementiel », relève David Brusselle, directeur général de la CCI Hauts-de-France. Alexis Devillers, pdg d'Alive Groupe, leader de l'événementiel au nord de Paris, en appelle lui aussi à des mesures plus importantes, pour un secteur qui compte de nombreux indépendants, depuis les photographes, les magiciens, les artisans, les petits faiseurs. « Ils ne se rendent pas compte de l'urgence du besoin. La première chose qu'on demande est que l'Etat prenne en charge totalement le chômage partiel. Et les banques vont devoir jouer le jeu ».

La BPI en ordre de bataille 

Le Crédit Agricole a été le premier à dégainer des mesures ciblées pour accompagner ses clients dont l'activité serait impactée par le coronavirus. Exemple : des reports de remboursement de crédits jusqu'à 6 mois, des procédures accélérées d'accord de crédit en moins de 15 jours ou encore la suppression des pénalités. La Caisse d'Epargne a annoncé le 10 mars prendre contact avec ses clients pour leur proposer d'anticiper les éventuelles difficultés générées par le les baisses d'activité, les absences de salariés ou les problématiques d'approvisionnement. Avec un engagement de prise en charge des sollicitations sous 48 heures. L'Ecureuil annonce l'adaptation temporaire des niveaux de crédit court terme, la mise en place de billets de trésorerie ou des crédits de fonds de roulement, articulé avec BPI.

Du côté de la banque publique, on se met aussi en ordre de bataille. Un numéro vert (0969 370 240) est mis en place, comme à la grande époque de Lehman Brothers, pour gérer les dossiers chauds. Les appels sont automatiquement routés vers les directions régionales concernées en fonction du numéro appelant. Le taux de garantie des emprunts bancaires passe à 70% au lieu de 50%, dès lors qu'une banque finance le dossier. « Elles y vont toutes, elles n'auront pas le choix », indique Bertrand Fontaine, directeur régional de BPI. La banque remet en vigueur des dispositifs tels que les prêts pour les passages à vide, ou encore le prêt régional de revitalisation. « On a des réponses opérationnelles », assure Bertrand Fontaine qui reconnaît que « pour les entreprises qui étaient fragiles avant, ce sera compliqué. Les entreprises qui n'étaient pas fragiles mais qui le deviennent du fait de la situation, c'est elles qu'il faut aider ». 

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Facebook Live exceptionnel 

Conscients de l'acuité de la situation, les acteurs publics et économiques organisentle 12 mars à 9h30 un « Facebook Live » totalement inédit, « pour répondre aux questions des entreprises et des citoyens ». Un dispositif qui associera un plateau exceptionnel réunissant le préfet de région, Michel Lalande, Xavier Bertrand, le président de la CCI de région, Alain Griset, président de la Chambre des métiers, Olivier Dauger son homologue de la chambre d'agriculture, Patrice Pennel pour le Medef Hauts-de-France , le président de la CPME, ainsi que les représentants des services sanitaires, de la Direccte, ou encore de la direction des finances publiques (accessible notamment via facebook.com/ccihautsdefrance ).

On notera enfin que la CCI Hauts-de-France a généré sur son site une page spécifique dévolue au virus, aux bonnes pratiques à adopter mais aussi à son enquête qui se prolongera dans la durée sur l'impact économique de la crise sanitaire, ou encore sur les allègements de charge et dispositifs ouverts pour les entreprises concernées.

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