Numéro #112 29/06/2021

Edito

Six ans pour renouer les fils 

Les dernières élections ont rendu leur verdict démocratique. Nos exécutifs locaux, bien que très mal élus avec un taux de participation anémique, jamais vu sous la Ve Répblique, sont désormais installés pour six ans. Les enjeux sont considérables, au vu des domaines de compétence des collectivités, mais aussi parce que la disette financière revient, et qu'elles devront apprendre la parcimonie et la priorisation des politiques. Quand l'argent se fait rare, il doit se faire toujours plus efficace. C'est ce qu'a brillamment réussi le département du Nord, promis à la tutelle préfectorale en 2015 et aujourd'hui remis sur les rails, avec en prime un recul très significatif du nombre d'allocataires du RSA. 

Champs de compétence nébuleux 

Ensuite parce que les habitants ont un très grand besoin de proximité, que les mouvements d'extension de périmètre viennent contrecarrer : la région Hauts-de-France née en 2016 souffre des grandes distances entre ses marches nord et sud, sans pour autant que les économies promises par les fusions de régions se soient avérées ; les intercos ont quant à elles encore  grossi avec des regroupements qui créent sans doute un effet de taille mais à la fois de gros ensembles informes assez éloignés du citoyen, et surtout aux compétences très nébuleuses pour le commun des mortels. Pourquoi la Région a-t-elle compétence sur les lycées, les Départements sur les collèges et les communes sur les écoles ? Avec autant de services techniques coûteux à chaque échelon. Les lois de dévolution des compétences (Maptam, NOTRe, réforme territoriale...) n'ont par ailleurs cessé de modifier le paysage (et souvent les noms) et la fiscalité locale depuis  plusieurs années. Une logique réformatrice vertueuse dans l’intention, mais qui s'est traduite in fine par un niveau de complexité réservé à des initiés et par un complet décrochage des citoyens. La connaissance de la vie et des compétences des collectivités est hélas inversement proportionnelle à leur importance dans la vie économique et sociale de nos territoires.

Nos élus sortis des urnes vont se mettre au travail. Mais ils ne devront pas oublier ce scrutin désastreux pour concentrer une part de leur énergie à rétablir le lien avec la population. Avec une priorité absolue : la pédagogie. 

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Publié le 29/02/2024

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