Numéro #96

Transformer l’essai

Innovation et Hauts-de-France ont longtemps constitué un oxymore. La richesse dévolue à la R&D dans notre région était famélique, la recherche publique très pauvre en effectifs, les structures d'accompagnement et de financement très faibles. Et les dossiers innovants étaient très peu nombreux. Beaucoup ont d'ailleurs mordu la poussière, tels Delfmems, Osyris, Giroptic, Nénuphar pour n'en citer que quelques-uns.

Les élus régionaux ne rataient jamais une occasion de tendre la sébile à l'Etat pour corriger cette insuffisance de matière grise publique, liée à notre géographie frontalière : pas question de placer chez nous, historiquement, des activités stratégiques menacées par d'éventuelles invasions.

Péréquation

Les plus anciens se souviennent du projet Soleil, un accélérateur de particules qui n'est finalement jamais venu s'implanter à Villeneuve d'Ascq. L'appui de l'Etat reste portant indispensable pour rétablir des équilibres, faire jouer la péréquation. A l'instar de la présence de l'Inria dans la métropole depuis 11 ans, dont la puissance de frappe dans l'univers de l'intelligence artificielle et de la big data est précieuse. C'est aussi de la recherche publique qu'est né le projet que nous mettons à la Une ce mois-ci.

Le pôle énergie électrique, à Amiens (hélas méconnu à Lille) a produit une vraie innovation de rupture avec la batterie sodium-ion portée par Tiamat. Sécurisée par un brevet mondial signé du CNRS et du CEA, excusez du peu, la technologie est extrêmement prometteuse. Elle coche la case du programme franco-allemand d'une filière batterie en Europe.
Mais faut-il encore concrétiser l'essai pour que l'innovation fertilise bien notre territoire et non des contrées lointaines. Car les Américains comme les Chinois déroulent le tapis rouge pour attirer la première usine de Tiamat chez eux.

Au pays rifkinien de la rev3 et de la transition énergétique, cela ferait désordre.