Numéro #98

Mutations

Le retour d'un flux important de projets industriels, qui justifie notre Une ce mois-ci, a quelque chose de rassurant : non, l'industrie n'est pas morte, et l'identité encore fortement industrielle de notre région, qui était un lourd handicap en phase de crise, devient un authentique atout dans le nouveau contexte. Car - et cette caractéristique devrait être bien davantage soulignée, un emploi industriel en amont en induit plusieurs en aval. Il y a donc un vrai cercle vertueux à attendre de ces successions d'annonces. D’autant plus que les sites industriels déjà implantés réinvestissent souvent de façon très importante dans le temps.

En parallèle, l'actualité du mois dernier souligne de façon visible les mutations de notre époque et de ses enjeux économiques : d'un côté le géant de l'Internet Amazon étend un peu plus sa toile, avec un nouveau site logistique annoncé dans notre région à Senlis, apportant 500 emplois au territoire où il emploiera désormais 3300 salariés. De l'autre, Auchan Retail sacrifie un volume similaire d'emplois (517), dans le cadre d'un plan de départs volontaires. Comme toute la grande distribution, Auchan repense son modèle en profondeur. Le cybermarché déstabilise l'hypermarché, le consommateur, plus instable que jamais, est toujours plus difficile à suivre : sensible au bilan carbone et au sort de la planète mais aussi à son porte-monnaie, avide de tester les nouvelles applis et de dénicher les bons plans, il est capable sans état d'âme de les jeter aussi vite qu'il les avait adoptés. Rarement le concept de destruction créatrice de l'économiste tchèque Joseph Schumpeter aura connu une telle concrétisation, à une telle ampleur.

Fulgurance

L'on sent bien que cette phase de mutation n'en est qu'à ses débuts puisque déboule désormais l'intelligence artificielle, plébiscitée d'ailleurs par les financiers, à l'instar de la très grosse levée de fonds de DreamQuark (p.4). Si la transformation est la base même de la vie économique et est même source d'opportunités pour les entrepreneurs, la vraie question devient la vitesse, voire la fulgurance de cette transition, pour reprendre la formule de Pierre Giorgini.