Orfey mise sur la gestion des émotions par l'IA

Athénaïs Oslati. Cette étudiante de l'UTC a mis au point un casque audio capable d'analyser, mais aussi de modifier les émotions d'un auditeur. Une technologie très prometteuse qui intéresse déjà des industriels internationaux.
Le Coronavirus a mis à rude épreuve l’état psychologique de 7 milliards de personnes. Stress face une maladie inconnue, angoisse du confinement, confrontation au deuil des proches... La crise sanitaire, c’est aussi une crise du moral. Avec son innovation, la start-up Orfey, espère rendre le monde plus résilient. Officiellement créée il y a deux mois, l’entreprise est en fait issue d’un long travail de recherche mené par sa fondatrice, Athénaïs Oslati, une étudiante de 24 ans, actuellement en dernière année d’ingénieur mécanique à l’Université Technologique de Compiègne. Son concept de départ est simple : changer l’état émotionnel d’une personne grâce à la musique, bien connue pour adoucir les mœurs. Pour cela, les équipes d’Orfey ont conçu un prototype de casque, doté dans les écouteurs, d’électrodes d’électroencéphalogramme.
L’activité cérébrale est ainsi mesurée, puis analysée grâce à l’intelligence artificielle afin de proposer au sujet de la musique adaptée à ses goûts, qui influera sur son état mental. «Sa concentration, par exemple, souligne Athénaïs Oslati. Notre système intéresse déjà des majors de l’industrie à singapour qui souhaitent développer des applications pour l’éducation », détaille-t-elle.
Education, armée et big data
Installée dans les locaux de l’incubateur Iterra à Compiègne, la start-up emploie déjà une dizaine de personnes, développeurs informatique, spécialistes de l’IA, designers et même avocat. «Nous travaillons beaucoup à la protection de notre produit, qui intéresse déjà les grands fabricants de casques audios. C’est pourquoi, notre première action a été de le protéger par un brevet », explique la chef d’entreprise. Au-delà du marché de la santé mentale, Orfey vise les marchés de l’éducation, du militaire, et plus globalement du big data. «Nous ajoutons la carte de l’émotion dans l’analyse du comportement des internautes par exemple. Cette technologie ouvre donc des perspectives inédites dans la gestion des données », insiste Athénaïs Oslati. Face à de tels enjeux, l’entreprise s’est dotée d’un conseil scientifique, mais aussi d’un conseil d’éthique.
Très prometteuse, l’entreprise a bénéficié d’un important soutien de l’écosystème région d’appui à l’innovation. Elle a notamment été la première à profiter d’un nouveau dispositif de la région, permettant d’apporter un financement égal à celui accordé par BpiFrance. Soit dans le cas d’Orfey, 45 K€ de la région qui se sont ajoutés aux 45 K€ d’aide accordés au titre de la Deeptech. Malheureusement, l’entreprise technologique a dû abandonner son projet d’industrialisation des casques, jugé trop risqué. Et se rabattre sur un modèle classique, mais sans doute plus dangereux, de vente de licence. Orfey prépare actuellement sa première levée de fonds d’environ 0,7 M€ auprès de différents fonds et de business angels, qui devrait aboutir l’année prochaine. Son objectif est de réaliser 1 à 2 M€ de chiffre d’affaires dès la première année du lancement commercial, en 2022.
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