Dans les coulisses d'Alstom

A Petite-Forêt, le constructeur ferroviaire Alstom retrouve le sourire. Il y a deux ans, son usine a connu une baisse de régime, divisant par deux la production. Depuis, le carnet de commandes se rempli à vitesse grand V. Si bien que la direction a revu à la hausse ses effectifs pour assurer ses engagements. Le site qui emploie près de 1 200 salariés accueillera cette année pas moins de 250 nouveaux collaborateurs. L'enjeu est énorme : Alstom a récemment décroché huit projets pour son usine valenciennoise. Quatre d'entre eux sont chiffrés à plus d'1 Md € chacun ! Sur les rails, 1 000 voitures pour les lignes 15, 16 et 17 du Grand Paris Express, plus de 700 trains RER Nouvelle Génération pour la SNCF à destination d'Île-de-France - en consortium avec Bombardier - mais aussi des trains deux niveaux pour la SNCB en Belgique. Avec cette productivité retrouvée, le site d'excellence d'Alstom, labellisé "Vitrine industrie du futur" l'été dernier, se montre plus compétitif que jamais. Rencontre avec le directeur du site, Olivier Baril.

« Notre carnet de commandes est historiquement élevé »

Eco121 : La Commission européenne vient de bloquer le mariage Alstom-Siemens. Quelles sont les conséquences pour Petite-Forêt ?

O. Baril : C'est une grande déception pour Alstom. C'était un bon projet qui aurait apporté visibilité et le double du chiffre d'affaires. Mais il n'y aura pas vraiment de conséquences. à Valenciennes, on est plus fort que Siemens en terme de parts de marché métro, par exemple. Et je n'ai aucun doute quant aux capacités d'Alstom pour nous trouver de nouvelles opportunités sans Siemens.

Que représente le site régional pour le groupe ?

Après l'Inde, c'est le plus gros site d'engineering d'Alstom. Un site d'excellence qui a la particularité de proposer des solutions techniques complexes en terme de mobilité. Nous sommes les premiers à avoir équipé des métropoles en métro à conduite automatique. Autre exemple, le métro du Grand Paris sera le premier métro souterrain aussi long en France. Il sera aussi le plus rapide. Nous avons déjà réalisé ce type de matériel, nous pouvons le refaire.

Comment avez-vous réagi face au ralentissement de la production récemment ?

Nous avons effectivement eu une charge plus basse que d'habitude il y a deux ou trois ans. La faute aux carnets de commandes cycliques. De gros contrats se sont arrêtés et les nouveaux ont démarré plus tard que prévu. L'activité de conception et développement a été maintenue mais la production a fortement chuté. Sur nos 1 200 salariés, à parts égales entre ingénieurs et techniciens, la baisse d'activité n'a impacté que ces derniers, sans pour autant nous pousser à licencier qui que ce soit. Nous savions que nous aurions besoin d'eux au redémarrage de la production. Certains ouvriers sont restés à Petite-Forêt et d'autres - les volontaires – sont partis sur d'autres sites d'Alstom. Résultat, tout s'est très bien passé, les ouvriers sont restés salariés d'Alstom et sont prêts à reprendre une production plus soutenue. Nous recruterons 250 personnes cette année. 160 nouveaux collaborateurs nous ont déjà rejoint l'an dernier dont deux tiers à la production. C'est un réel besoin. Nous avions divisé notre production par deux il y a deux ans et allons la multiplier par quatre dans les années à venir. Notre carnet de commandes est historiquement élevé !

Quels sont les projets en cours ?

D'importants contrats ont été lancés en Île-de-France pour le renouvellement du parc métro, pour les RER et le Grand Paris. La somme de ces trois chantiers représente le gros de notre production. Ils nous occuperont pour les dix prochaines années. Nous avons aussi d'autres projets en parallèle comme les métros d'Hanoï et de Lyon, et les RER belges de la SNCB, entre autres.

Etes-vous en capacité d'assurer d'autres contrats ?

Oui, à partir de 2023 nous aurons besoin de nouvelles commandes. On répond actuellement à des appels d'offres dont deux énormes pour l'Île-de-France ; un contrat métro qui devrait aboutir en 2019 et un contrat RER pour 2020. Cette région représente plus de 70% du chiffre d'affaires de notre site. Ce qui est logique car nous sommes spécialisés dans le transport grande capacité. En 50 ans, nous avons équipé presque toutes les grandes métropoles du monde, de Lyon, Lille, Caracas, Shanghai à Singapour.

Comment préparez-vous l'avenir face aux mutations de la mobilité ?

Nous avons une grosse force de frappe de conception et développement. L'innovation est au cœur de nos échanges avec le siège. A Petite-Forêt, nous sommes les seuls à disposer d'un centre d'aménagement intérieur dans lequel nous réfléchissons à des solutions pour l'ensemble des projets du groupe dans le monde, et pas seulement pour le matériel urbain. Nous regardons également de près les solutions de consommation écologique tel l'hydrogène qui fait l'objet d'un grand plan dans le groupe.

Recueilli par J.K.

Alstom en bref

Effectifs : 1 200 salariés dont 17% de femmes

250 postes ouverts en 2019

Investissement : 40 M€ sur 4 ans

7 commandes en cours pour près de 2,3 Mds€

CA Petite-Forêt : N.C. - Groupe : 2 Mds€

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