La CCI prépare un haut lieu de la logistique de demain sur Delta 3

Symboliquement, les porteurs du projet ont posé les clés de la future cité internationale en inaugurant le « Logistic tour » début mai. Symboliquement, les porteurs du projet ont posé les clés de la future cité internationale en inaugurant le « Logistic tour » début mai.

Dourges. Le réseau consulaire va se doter d'une « Cité internationale de la logistique ». Un chantier de 40 M€ qui commence par un enjeu humain crucial.

"La logistique de 2031 sera complètement différente de celle de 2021 ». Le mot est de Saou Ghadfa. Le délégué régional l'orga- nisme de formation du monde de la logistique et du transport, l'AFT, se félicite de l'outil Euralogistic qui offre déjà un lieu dédié, et un pôle efficace au service d'un secteur majeur, employant 144 000 personnes dans la région. Ce pôle consulaire s'apprête à franchir un vrai cap pour préparer la logistique de demain avec la constitution d'une « Cité internationale de la logistique et de la supply chain » sur Delta 3, dans le prolongement du campus Euralogistic, à Dourges. «On voit bien avec la crise sanitaire combien la logistique peut prendre une dimension cruciale », pointe Philippe Vasseur, président de la mission Rev3, avec un arrière-plan qui prend de plus en plus le devant de la scène, à savoir le bilan carbone et la « green logistic ». En question : le taux de remplissage, notamment pour les retours, la logistique en ville, l'empreinte carbone, le desserrement des flux du juste à temps...

Mais l'un des points nodaux est dans l'immédiat l'emploi. Malgré la situation de chômage en région, avec plus d'un demi-million de demandeurs d'emplois dont la moitié en longue durée, le secteur est à la peine pour attirer et recruter. Alors même qu'au moins 3 500 postes de conducteurs routiers sont à pourvoir, quasiment tous en CDI.

“Escape game”

Aussi le pôle Euralogistic vient de se doter d'un outil tout à la fois ludique et sérieux, le « logistic tour » qui permet en quelques minutes en forme d'escape game de sonder les habilités et l'appétence des jeunes ou des demandeurs d'emploi pour l'univers logistique. De manière à opérer une sélection en amont. « On perd beaucoup d'énergie et de budget. Combien de fois on voit des gens qui abandonnent au bout de 15 jours. on a besoin de gens qui ont un savoir- être », estime Bernard Delquignies, dirigeant du groupe eponyme.

Ce dispositif, appelé à recevoir 1 000 personnes par an, est présenté comme « un nouveau maillon d'excellence », selon Laurent Desprez, directeur du pôle régional Euralogistic, voire même comme la première pierre de la future Cité internationale de la logistique.

Celle-ci va d'ailleurs démarrer au second semestre 2022 par une école d'application de haut niveau, « Supply Tech » (bac +5), dédiée au secteur, une première en France. Elle sera suivie d'un centre technique, une plate-forme de conception, de d́eveloppement, d’exṕerimentation, de mod́elisation et de partage des connaissances, mais aussi d'un centre d'accélération, qui se veut de dimension nationale, déjà baptisé Neo Hub. Conçu à destination des entre- preneurs en phase d’innovation, de croissance ou de cŕeation, cet ensemble de 4 000 m2 sera calibré pour accompagner quelque 25 projets par an. Ensuite de quoi se développera un parc d'activité spécialisé sur cinq hectares, annoncé pour le second semestre 2023.

Le projet global, sous maîtrise d'ouvrage de la CCI Hauts-de-France, se veut très ambitieux puisque l'investissement nécessaire atteint 40 M€, pour lesquels les co-financements ne sont pas encore précisés. L'intégralité du foncier est toutefois déjà propriété de la chambre.

Le projet est unanimement défendu, pour jouer une carte logistique essentielle dans le jeu économique de la région. « L'avantage géographique comparatif seul ne suffit pas. En économie, les rentes de situation sont rares, encore plus dans la logistique où des perturbations très mineures peuvent aboutir à des modifications structurelles beaucoup plus importantes », analyse Laurent Buchaillat, secrétaire général aux affaires régionales (SGAR), « L'impératif est d'anticiper et d'innover ». C'est manifestement l'ambition de ce nouvel outil qui vise d'emblée un rayonnement XXL.

 

Lire aussi : E-valley passe du mirager à la réalité