Propreté : le secteur victime puis bénéficiaire de la Covid

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Après le choc du confinement, la pression sanitaire tire les acteurs du nettoyage fortement à la hausse. Même si le retour à la normale n'est envisagé que pour septembre.

« Sur la deuxième quinzaine d’avril, l’activité désinfection a enregistré un chiffre d’affaires en progression de 25% par rapport à la même période de l’année dernière ». Chez Cleaning Bio, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Après l’arrêt brutal d’une majorité des prestations suite au confinement le 16 mars, la société de Yann Orpin, également président du Medef Lille Métropole, vit une explosion de la demande depuis l’aube de la reprise. L’activité désinfection a même doublé, nécessitant la mobilisation d’une quarantaine d’agents dont une partie embauchée spécialement pour assurer le redémarrage. L’entreprise avait anticipé dès début mars l'effet d'après-confinement. « Nous avions gonflé nos stocks de produits désinfectants, investi 30 K€ dans deux nouvelles machines et créé un kit désinfection pour que les entreprises décontaminent leurs locaux lorsque nos agents ne sont pas sur place. Nous avons vendu 400 kits dès le lendemain de leur sortie ! », détaille Yann Orpin, à la tête de 270 salariés.

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A Lezennes, même constat chez Clinitex. Le groupe compte 3500 salariés à travers 12 agences en métropole. Si 50 à 60% de ses clients avaient baissé leur rideau pour le confinement, une reprise progressive s'observe nettement depuis le 1er avril. Jusqu’à atteindre « un niveau exceptionnel » la semaine d'avant le déconfinement, explique le dirigeant Edouard Pick, fils du fondateur Thierry Pick. « Les demandes sont parfois disproportionnées car alimentées par la panique qu’engendre le coronavirus. Certains clients nous demandent par exemple de désinfecter les WC après chaque passage. Ce n’est clairement pas possible ! Nous devons donc faire de la pédagogie, avec un appui plus important de notre offre « Kiosque » qui comprend du gel hydroalcoolique, des lingettes et des pulvérisateurs désinfectants que chaque collaborateur peut utiliser sur son propre poste de travail. » Clinitex a joué la carte de l’écosystème local en mettant à disposition gratuitement ses Kiosques de désinfection dans certaines entreprises de la région. « Même si elles ne sont pas clientes chez nous, souligne le dirigeant. L’idée était qu’elles puissent reprendre leur activité, en attendant le démarrage de leur prestataire de propreté ». Malgré tout, sans la reprise de l’événementiel et de la restauration, l’activité des professionnels du secteur propreté restera partielle. Ils espèrent un retour à la normale courant septembre.

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Changement d'image

La Covid-19 a aussi permis de reconsidérer le rôle des entreprises de propreté. « Nous sommes passés du nettoyage à l’hygiène, observe Yann Orpin. Toutes les entreprises se sentent désormais plus vulnérables et ancreront l’hygiène de leur environnement dans la durée. » « Il faut le dire, c’est un métier qui était un peu négligé avant la pandémie, ajoute le patron de Pro Impec Pascal Boulanger. Aujourd’hui, les gens se rendent compte de notre importance. Les chefs d’entreprise sont et seront beaucoup plus regardant sur l’hygiène ». Edouard Pick renchérit : « Nous faisions un métier de coulisses. Aujourd’hui, les regards sur notre secteur sont différents, la propreté est devenue essentielle et portée à un niveau de considération jamais vu auparavant. Et moralement, ça nous fait du bien ! »

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