Provost veut rayonner plus large

« Avec 25% de parts de marché, nous sommes un leader fragile. Il y a peu de technicité dans nos produits. Notre réussite repose sur la qualité de nos produits et de notre service ». Pour Franck Monoyez, jeune P-DG de l’entreprise familiale située à Neuville-en-Ferrain (79 M€ de CA estimés fin 2012), l’enjeu est double : conserver ses parts de marché en France et renforcer l’international. Le groupe de 500 personnes doit gérer le vieillissement de ses gammes - créée il y a presque 50 ans, Provost a décollé avec un produit phare breveté - et l’émergence d’une concurrence agressive, d’industriels étrangers, souvent côtés en bourse. Sa réponse : investir massivement dans l’outil de production. 8 M€ seront consacrés à l’acquisition de matériel, 4 M€ à la construction d’un bâtiment de 3000 m2 et à la modernisation de l’existant. Ces développements, opérationnels fin 2013, s’accompagneront de la création de 75 emplois en CDI : 45 en atelier de fabrication et une trentaine répartie entre le bureau d’étude interne et la force de vente. Animée par une centaine de commerciaux dans une dizaine d’agences en France, elle constitue pour Franck Monoyez un des joyaux du groupe : «Nous avons basculé dans les années 90 d’une valeur ajoutée d’industriel à celle d’un distributeur, sans quoi nous aurions disparu. Nous pouvons nous passer des distributeurs et rester indépendants ».

Orientation bois

L’investissement va étendre davantage les gammes de produits, pourtant déjà composées de 5000 références. Pour l’heure, l’essentiel de l’activité est réalisée pour des clients industriels (80%), sur des activités de stockage pur, à partir d’acier. Pour répondre aux demandes de solutions globales de ses clients, Provost va proposer des produits liés à la manutention mais aussi à l’aménagement de bureaux. Dans cette optique, le groupe a acquis en mars ID Nollet, une menuiserie de Lys-lez-Lannoy spécialisée dans l’agencement intérieur (2,1 M€ de CA en 2011 et 12 salariés). L’équipe va rejoindre le site de Provost. Elle y concevra notamment du mobilier de bureau, en bois, un matériau nouveau pour l’entreprise. Celle-ci vise d’autres marchés de niches tels que la signalétique, le stockage de bateau, ou encore celui bien spécifique de tableaux de maîtres. Les ambitions de Provost restent avant tout françaises. Les ventes sont faites d’une multiplicité de petites commandes - d’une moyenne de 3000 euros - peu propices à l’export. « Ca peut sembler faible mais ça nous sauve, nous ne dépendons pas de gros clients », explique le dirigeant. Pour autant, Provost investit aussi l’international (actuellement 18% du CA). L’entreprise s’est naturellement développée en Belgique, au début des années 2000, puis en Pologne en 2005. Elle vise désormais l’Allemagne qu’elle considère stratégique. Le pays rassemble de nombreuses ETI et connaît une certaine croissance. Provost espère y réaliser une opération de croissance externe en 2013.

Marie Raimbault