Quand Gérard Mulliez se lance dans la permaculture
Depuis trois ans, le patriarche de la galaxie éponyme promeut les paillis végétaux et les rotations de cultures bio comme nouveau modèle. Dans son sillage, le producteur de films Alain Pitten.
Un samedi après midi d'octobre. Nous sommes sur les terres de Gérard Mulliez, à Croix. Un groupe de bénévoles se presse aux portes du château pour passer quelques heures à planter des mâches, des épinards et autres salades sur un lopin de jardin en escalier, cultivé en permaculture, et à arracher des adventices – ne surtout pas dire « mauvaises herbes » ! - Alentour, une famille d'ânes paisibles jouxte un groupe de chèvres, un mouton et plusieurs ruches. Ces jardiniers sont membres de l'association des jardins de la Fontaine, qui en compte 300. Etre membre permet d'acheter les produits chaque semaine.
A l'origine, une rencontre improbable entre Gérard Mulliez et Alain Pitten, réalisateur de documentaires pour la télé ou le cinéma, avec une cinquantaine de films à son actif. « Je gagnais très bien ma vie, je faisais le tour du monde, j'avais le plus beau métier du monde », sourit l'intéressé. Mais depuis trois ans, il se lève aux aurores, chausse ses bottes, va s'approvisionner en plants auprès de différents fournisseurs bio avant de plonger les mains dans la terre, un changement de vie total. Il a même abandonné les arts martiaux, les marathons et sa vie en Aveyron six mois par an entouré d'artistes. Tout part d'un film qu'il réalise pour l'Institut Fontaine, initié par Gérard Mulliez, sur le thème « humanisme et développement durable ».
Rencontre décisive
La rencontre entre le patriarche et le cinéaste se révèle décisive, le premier partageant avec le second sa nouvelle passion de la permaculture – qu'il vante du reste à chacune de ses rares sorties publiques, comme modèle d'une alimentation saine et durable, mais aussi économiquement viable. Et comme contre-modèle de cette production de masse portée jadis par Auchan comme tout le secteur de la grande distribution, entraînant avec elle tous les excès chimiques que Gérard Mulliez déplore aujourd'hui. Coïncidence heureuse, Alain Pitten, lui-même issu du monde paysan, avait passé quelque temps auparavant le BPREA (brevet professionnel responsable d'exploitation agricole). Le chemin était tracé.
« Aujourd'hui, Gérard Mulliez veut consacrer toute l'énergie qu'il lui reste à vivre à des produits qui respectent la nature et nourrissent les hommes. c'est un levier extraordinaire, ça vaut 50 films ! » s'enthousiasme le permaculteur, persuadé que ces techniques optimisées sont de nature à nourrir la planète, grâce à des rendements ex- ceptionnels. « Lisez les études de l'INRA !» Si les trois premières années ont posé les bases du démonstrateur, l'objectif est désormais de monter en régime, Mulliez oblige ! Des partenariats sont noués avec l'ISA, Yncrea, l'INRA, le lycée de Lomme. De nouveaux associés doivent en outre rejoindre le projet à court terme, dont l'un très orienté Agtech. Dans le viseur : des sauts technologiques avec des robots (désherbeurs et semoirs de précision, notamment), des tracteurs électriques et même des projets basés sur l'hydrogène. Alain Pitten veut aussi remettre au goût du jour des légumes oubliés, la salade lilloise, le chicon du Nord. « Un œil dans le rétro, l'autre devant », résume-t-il.
Et l'avenir dans les magasins. Alain Pitten espère ainsi apporter ses produits dans les linéaires d'Auchan à un horizon pas trop lointain
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