Questions à Alain Lefebvre, DG de Ports de Lille : "On vise la place de numéro 3 français"

 

Comment se positionne l'hinterland français par rapport aux infrastructures belges, alle- mandes ou néerlandaises ? Les Ports de Lille ont-ils une carte à jouer face aux grands ?Malgré une année 2018 record en terme de trafic total (près de 8 MT, tous modes confondus, ndlr), on ne sera jamais l'équivalent d'un port maritime. On ne peut pas comparer. Au niveau européen, les trois plus grands ports intérieurs sont Duisbourg en Allemagne, Liège et Paris. Et en France, Paris suivi de Strasbourg et Lyon. On ne pourra jamais atteindre le niveau de deux premiers, on ne joue pas dans la même cour. Mais on vise la place du numéro 3 avec, dès 2020-2021, les 9 MT. On travaille bien, notamment sur le port de Santes, donc on peut y arriver !

Vous attendez beaucoup de ce dernier pour votre développement...

C'est le plus important de la Métropole européenne de Lille et nous lui consacrons près de 50 M€, pour la construction de deux entrepôts de 48 000 et 12 000 m2, la modernisation de quatre autres et, surtout, la construction d'un terminal à conteneurs, embranché fer et fleuve. Tout cela, c'est du jamais vu dans l'histoire des Ports de Lille !

Une question se pose quant au développement de notre trafic fluvial : celle de la hauteur de nos ponts qui culminent à 5,25 m. C'est un frein, que faire ?

Il faut être cohérent entre la volonté de développer la façade maritime et nos capacités de déstockage des marchandises. Le canal Seine Nord est normalement pensé pour les barges à trois niveaux de conteneurs, mais pas notre réseau. Aujourd'hui, nos ponts sont faits pour des barges à deux niveaux de conteneurs, pas plus. Pour qu'il y ait une vraie dynamique, nous avons besoin d'une vraie homogénéité. Lorsque l'on a de grandes ambitions maritimes, il faut se donner les moyens organisationnels et financiers pour y parvenir... Nous avons du boulot !

Le canal Seine Nord est annoncé pour 2028. Quel pourrait être son impact sur les ports métropolitains ?

Nous espérons que ce projet améliorera l'accessibilité fluviale vers les zones agricoles picardes, permettra une augmentation des expéditions des terres recyclées vers l'Île-de-France et surtout qu'il tire vers le haut nos tonnages et améliore la valeur ajoutée de nos ports. On peut aussi imaginer la création de nouvelles activités... la question est posée. Mais nous n'avons pas encore de réponse aujourd'hui.

Recueilli par J.K.