Questions à Stéphane Meuric, Directeur de Transalley : "La décarbonation du transport est une réalité qui va s'amplifier"

La mobilité durable est le cœur d'activité du pôle d'excellence Transalley, qui fête ses 10 ans. Rencontre avec son directeur  Stéphane Meuric.

 

Il y a quelques années, la mobilité durable était affaire d'experts. Est-on aujourd'hui sur une thématique majeure et structurelle ?


Oui, c'est une vraie réalité, une tendance de fond dont on sent l'accélération tant sur le volet industriel que sur celui des usages, des nouvelles pratiques. Les investissements industriels sont en pleine cohérence, tant dans l'automobile que le ferroviaire chez nous. Pour ces deux filières importantes pour la région, la décarbonation du transport est une réalité, qui va s'amplifier. On a eu l'interrogation sur l'offre de bornes électriques qui pourrait développer l'électrique ou l'inverse, qui se pose à nouveau aujourd'hui pour l'hydrogène. Il existe un certain nombre d'outils en soutien, notamment sur les écosystèmes hydrogènes, pour avoir des territoires démonstrateurs.

Les pouvoirs publics apportent aussi des aides massives pour la gigafactory de batteries de Stellantis à Douvrin ou d'Envision à Douai...


Ce type de projets représente de gros investissements générateurs d'emplois, et qui permettent la création d'acteurs européens. N'oublions pas qu'aujourd'hui nous sommes dans une grande dépendance par rapport à l'Asie (Chine-Corée-Japon), c'est un enjeu fort, stratégique pour la filière.

La région Hauts-de-France est-elle naturelle pour porter ces enjeux ?


Rien n'est jamais acquis dans ces implantations. Mais la force de notre région est d'avoir plusieurs sites constructeurs, Renault, Stellantis, Toyota, une densité assez unique de sites d'assemblage multiconstructeurs, mais aussi tout un tissu économique bien pourvu en sous-trai- tance et équipementiers. Cela facilite les transitions.

L'avenir de la mobilité durable, c'est aussi l'innovation que porte Transalley. Vous êtes un peu l'Eurasanté ou l'Euratech de la mobilité ?

Nous sommes dans la même construction d'un écosystème avec un parc, une ouverture aux habitants, qui va jusqu'à l'emploi, les métiers, l’inclusion. On est vraiment LE parc d’innovation positionné sur les mobilités, une thématique très reconnue sur le Valenciennois (industrie, recherche et enseignement supérieur avec l’UPHF). Nous sommes sur l'industrie de la mobilité avec beaucoup de révolutions en cours avec l'industrie 4.0, de la cobotique à la cybersécurité en passant par les produits de mobilité sur un large spectre, des publics PMR à la mobilité urbaine et même la glisse urbaine avec les petits véhicules spéciaux. Notre développement s'accélère par l'importance du sujet, mais aussi par la dynamique entrepreneuriale. L'ex- tension de notre pépinière est déjà remplie avant même son inauguration. Nous sommes aussi mobilisés dans des programmes européens tel Mobimix (Interreg), avec pour chef de file Rotterdam : nous développons avec Valenciennes Métropole des démonstrateurs de mobilité partagée, concrets. Pendant un an nous testerons une offre innovante.

Où en serez-vous dans cinq ans ?

Transalley a 10 ans. Les 5 premières années ont permis de l'incuber, de préparer l'aménagement et la feuille de route. Sur les cinq années suivantes nous avons accueilli nos premières entreprises, c'était une sorte de proof of concept. Maintenant va s'opérer un changement de pente, une vraie accélération du projet. Nous avons 70 entités pour 500 emplois, mais à 5-10 ans, nous visons 5 000 emplois et quelques centaines d'entreprises.

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