"Qui t'a fait roi ? " Le dernier billet de Bruno Bonduelle

Stupéfiante nouvelle que révèle tout récemment la Voix : « La ville attaque la MEL sur la vente de son siège ». Une guerre en dentelles qui fait désordre et en dit long sur notre gouvernance.« Dis-moi qui t'afait président », dit la maire au président pendant que la Mel lance la marque Hello Lille en lieu et place de la ville de Lille sans avoir demandé la permission, répondant à l'arrogance d'Only Lyon et à la suffisance de Il y a Tout à Toulouse. C'est la réponse qu'une agence de com a trouvée. Sans doute était-elle fatiguée après avoir imaginé cet improbable Ilévia agrémenté des lèvres pulpeuses d'une chanteuse de flamenco !

Qui incarne le plus le rayonnement métropolitain? Un récent sondage donne un résultat cruel pour le président. Et le sondeur ose la phrase qui tue : La disparité des réponses montre un défaut de représentant incontestable pour la métropole lilloise. D'où pourrait-il d'ailleurs tirer sa notoriété, son autorité ? Il est victime d'un absurde système électif... Le suffrage universel ? La voix des citoyens ? Que nenni ! Plutôt le plus petit dénominateur commun entre villages ruraux, petites villes, grandes villes, une combinaison qui fait penser à l'élection au ènième tour des présidents de la IIIe République qui inauguraient si bien les chrysanthèmes.

«  Dis-moi qui t'a fait roi », répondait un félon impertinent à Hughes Capet en 987 suite à une algarade. Ce serait aujourd'hui une impertinente qui interpellerait le président en train de négocier la vente de la rue du Ballon à Vinci sans la consulter.  «Je suis sur mon terrain », clame le président.  « Tu es chez moi », insiste-t-elle ; «d'ailleurs, c'est moi qui signe les permis de construire ! » Une maire de Lille qui, elle au moins, a été élue au suffrage universel direct par les Lillois alors que le président tire sa légitimité d'obscures tractations de coulisses. Pas de listes électorales, pas de campagne, le bon peuple n'a pas eu son mot à dire, on lui a confisqué son droit de vote. Une élection au second degré, c'est le degré zéro de la politique. Le président de la Mel n'en peut mais, ce n'est pas lui qui a créé les EPCI, ces machins inventés pour qu'on évite les fusions de communes comme partout en Europe. On ne touche surtout pas aux vaches sacrées de la République une et indivisible, ces 34 968 communes de l'Hexagone.

A Lyon, Nantes ou Bordeaux, il est facile d'exister pour un maire. Ces trois villes représentent la moitié de leur agglos respectives, Marseille 80%. Nous, c'est 20%. 22% en trichant un peu avec Hellemmes et Lomme ! Dès lors, dans l'hypothèse où un nouveau prétendant pointerait à l'horizon, surtout s'il est jeune et brillant, je lui recommanderais de méditer un classique qui remonte à deux mille ans. « Tout royaume divisé contre lui-même court à sa perte ».