Reconfinement : vers une quatrième vague ... sociale en picardie ?

Les hôteliers de plein air, qui avaient déjà perdu 30% d’activité au printemps 2020, fulminent de devoir fermer une nouvelle fois Les hôteliers de plein air, qui avaient déjà perdu 30% d’activité au printemps 2020, fulminent de devoir fermer une nouvelle fois

Les nouvelles mesures de confinement risquent fort de fragiliser un peu plus le tissu économique picard. Loin de chanter, les lendemains s’annoncent grinçants.

"La meilleure façon de tuer un homme, c’est de l’empêcher de travailler en lui donnant de l’argent ». A l’heure du confinement ter, les paroles du québécois Felix Leclerc résonnent avec une étonnante modernité. Au-delà de la simple résignation face au long tunnel de crise que traverse l’économie régionale, le désarroi, voire le désespoir des chefs d’entreprise est désormais patent. «Ces annonces ont été un coup de massue pour les commerçants et les indépendants", estimait il y a quelques jours Sébastien Horemans, président de la CPME de la Somme. "Même si les dispositifs d’aides sont plutôt complets et bien faits, rien ne remplace l’activité. Les dirigeants sont désespérés financièrement et psychologiquement », affirmait-il. Certes, le raz-de-marée des plans sociaux, redouté depuis un an, n’a pas encore déferlé. Mais une vilaine houle commence à se former. Dans la Somme notamment, 700 emplois sont d’ores et déjà menacés sur le bassin aéronautique d’Albert. Combien seront-ils, moins visibles et médiatiques, dans les commerces, les TPE, des centres-villes déjà en proie à des difficultés de tous ordres ? Personne ne le sait encore précisément, même si les prévisions les plus pessimistes estiment qu’un indépendant sur trois ne se relèvera pas de la crise.

Etat jacobin

Dans ce contexte, les élus locaux sont pris entre le marteau et l’enclume. Certains, comme le maire de Creil Jean-Claude Villemain (PS) réclamaient depuis des semaines un reconfinement rapide pour endiguer l’épidémie, alimentée par les allers-retours quotidiens de milliers d’habitants vers la capitale. D'autres ont, a contrario, fait de la résistance. A Compiègne, Philippe Marini, le maire (LR), a pris un arrêté – rapidement annulé - permettant à tous les commerçants de vendre leurs produits sur des étals en extérieur. Beaucoup espéraient des mesures adaptées aux spécificités du territoire et tenant compte des taux d’incidence, très variables - 90 à plus de 600 cas pour 100 000 habitants – dans la région. Une position que défendait aussi le premier élu de la région Xavier Bertrand.

Las, l’Etat jacobin ne les a pas entendus, préférant appliquer la même règle à tout le territoire. De quoi susciter l’ire des chefs d’entreprise les plus exposés, comme les hôteliers de plein air, très présents sur la côte, qui n’imaginaient pas « devoir fermer de nouveau après avoir perdu, au printemps dernier, 30% de l’activité », selon Laurent Pruvot président de la fédération d’hôtellerie de plein air des Hauts-de-France. De quoi alimenter aussi, alors que se profilent les élections régionales, le discours du Rassemblement National qui, fidèle à sa ligne historique, dénonce le « mauvais calibrage des aides » qui laisseraient sur le carreau nombre de commerçants et d’artisans. «Le réveil sera particulièrement difficile l’année prochaine », promettait, il y a quelques jours à Péronne, Sébastien Chenu, tête de liste RN aux régionales. Il est certain que l'essoufflement de l’économie alimentera la grogne sociale. Même avant la fin de la vague Covid, c'est bien à une tempête économique qu'il faut se préparer.

 

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