Rentrée musclée pour Philippe Hourdain et Frédéric Motte

Philippe Hourdain, président de la CCI de région, et Frédéric Motte, président du Medef Hauts-de-France tenaient vendredi matin une conférence de presse de rentrée commune. L'occasion d'un tour d'horizon complet des dossiers du moment.

Primo, la conjoncture, si elle reste bonne, se tasse légèrement. Sylvie Duchassaing, en charge des études à la CCI, souligne notamment le net fléchissement de la consommation des ménages, avec des éléments d'incertitude pour les entreprises, liés au prix du baril, à la force de l'euro, défavorable aux exportations, et bien sûr la guerre commerciale engagée par Donald Trump. Mais en parallèle, les projets de recrutements sont élevés (1200 de plus qu'un an plus tôt) tandis que les défaillances d'entreprise reculent (-7,4% sur douze mois). Frédéric Motte pointe la constance de taux d'intérêt extrêmement bas, et la bonne tenue des indicateurs allemands (16e trimestre consécutif en croissance) ou américains. « C'est en France où c'est plus difficile ». Philippe Hourdain note des freins au développement des entreprises du côté du recrutement, tous secteurs confondus, et tout particulièrement dans les transports et l'industrie, mais aussi dans l'instabilité juridique et financière. L'occasion pour Frédéric Motte de dénoncer le projet de prélèvement à la source en question ces jours-ci, alors qu'une mensualisation systématique et simple des contribuables résoudrait les difficultés actuelles. « Je veux redire l'inquiétude des entreprises face à cette usine à gaz », martèle-t-il.

Mépris européen

Les deux élus patronaux déplorent aussi le « mépris » de la commission européenne cet été dans un document préparatoire à la refonte des routes maritimes, dans le cadre du Brexit. Ces routes oubliaient totalement la France et la région. « Or l'impact ne porte pas que sur les ports maritimes mais sur tout l'hinterland régional. C'est une mesure d'un mépris et d'une stupidité insignes », accuse Philippe Hourdain, quand même rassuré par la récente évolution du dossier durant l'été et la reculade de la commission.

D'une même voix, les deux hommes ont également martelé la demande des entreprises en matière de mobilité, notamment après que la délibération sur le tramway Lille-Lesquin ait été rapportée ces derniers mois. « Halte aux paroles », s'agace Frédéric Motte, qui souligne les 230 M€ annuels payés par les entreprises métropolitaines au titre du versement transport, au taux maximum de 2% de la masse salariale. « Comment voulez-vous qu'une région fonctionne quand on ne peut pas accéder à sa capitale ? », interroge le président consulaire. La pression vis à vis de la MEL monte aussi en matière d'urbanisme. « On ne peut pas se permettre de ne pas avoir de plan local d'iurbanisme (PLU) à la MEL. Sous prétexte de quelques oppositions, n'allons surtout pas vers le non vote du PLU ! » s'alarme Frédéric Motte.

Philippe Hourdain et Frédéric Motte mettent en exergue un autre goulet d'étranglement, l'emploi. « Le chômage devient frictionnel à 9%, c'est dément », s'étrangle le patron des patrons nordistes. L'occasion de rappeler la mutation qui débute le premier janvier en matière d'apprentissage, avec des CFA financés non plus par une dotation annuelle mais en fonction du nombre de jeunes formés. La loi donne aux entreprises et aux branches le pilotage de l'apprentissage. 

La CCI de l'Oise dans le viseur

Enfin, le président de la CCI de région a évoqué la rentrée très difficile qui se prépare pour le réseau consulaire. Il a confirmé la nécessité d'un plan social, qui sera présenté en assemblée générale le 27 septembre, à la suite des décisions de Bercy de tailler encore à la hache dans les ressources fiscales des chambres. L'évolution est spectaculaire : en quelques années, la ressource des CCI sur le périmètre Hauts-de-France sera passé de 150 M€ à … 27 M€ ! « On ne va pas se lamenter », dit pourtant Philippe Hourdain, préférant engager son énergie à « se transformer et commercialiser des activités. On va devoir se remettre en question, changer la logique de silo, de frontière. Je crois profondément à la pérennité des CCI mais la CCI que vous connaissez aura forcément changé à la fin de la mandature ». L'occasion aussi pour l'élu consulaire de tacler sévèrement son collègue président de la CCI de l'Oise, Philippe Enjolras. « En faisant des recours sans arrêt, y compris contre le décret du ministre qui entérine la fusion des chambres, il se met à part. De toute façon, je foncerai, et le 1er janvier 2019, je m'occuperai de l'Oise comme je m'occuperai du reste ». A bon entendeur !