Roquette achève sa méga-usine de protéine de pois au Canada

Le groupe familial spécialiste des ingrédients et protéines végétales termine dans les délais la construction de la plus grosse usine au monde de protéines de pois, au Canada. Un investissement hautement stratégique alors que le marché de la protéine végétale explose littéralement. 

 

La protéine de pois n'en finit plus de s'envoler, portée par les courants végans et flexitariens et la montée en puissance d'acteurs agroalimentaires spécialisés tels que l'américain Beyond Meat. Le groupe nordiste Roquette, pionnier de longue date dans la protéine végétale, a poussé l'avantage depuis plusieurs années d'abord avec son usine picarde de Vic-sur-Aisne, dédiée à la protéine de pois, aujourd'hui complètement saturée. D'où la décision d'investir massivement (300 M€) dans une nouvelle usine en cœur de zone de production, dans le Manitoba (Canada). Malgré la crise sanitaire qui a beaucoup perturbé le chantier (lequel a mobilisé jusqu'à 1000 personnes), Roquette s'apprête à achever cette unité XXL dans les temps pour une livraison en décembre et une entrée en production début 2021. Il s'agit de la plus grosse usine au monde dans son domaine, avec une capacité de 120 000 tonnes, opérée par 120 salariés.

 

Révolution alimentaire

 

Pour faire tourner l'équipement, Roquette a stocké la récolte de la campagne de pois achevée cet été, auprès des agriculteurs canadiens, avec lesquels des accords durables ont été passés, avec une rémunération supérieure au marché, et une exigence qualitative supérieure. L'usine sera à 100% de sa charge en 2022, un peu plus vite que prévu pour faire face à une demande du marché extrêmement forte : le marché augmente de 15 à 20% l'an en fonction des segments, selon Jean-Philippe Azoulay, vice-président pois et nouvelles protéines chez Roquette. Aucun ralentissement significatif n'est enregistré au global, avec des évolutions très contrastées entre le hors foyer, très pénalisé par les fermetures de restaurants, et le retail qui a lui connu une puissante accélération. La poussée, qui traduit une vraie révolution alimentaire, est telle que Roquette réfléchit déjà à une extension de l'usine canadienne même si aucune décision n'est prise à ce stade.

 

La mise en service de cette unité aura un impact régional chez nous puisqu'elle produira une grosse partie des volumes actuellement fabriqués à Vic-sur-Aisne et libérera donc des capacités. Celles-ci serviront les marchés européen et asiatique. Si l'Asie connaît depuis fort longtemps la protéine végétale à travers le soja, « on est persuadés que sur le long terme, ce continent qui comprend la plus grosse population du monde est une région de très forte croissance.

« Nous ne sommes pas fermés à poursuivre nos investissements en Europe », nous déclare Jean-Philippe Azoulay, qui rappelle que l'usine axonaise a déjà bénéficié de 100 M€ d'investissements depuis trois ans. Ces investissements donnent à Roquette un avantage concurrentiel évident, puisque les grands concurrents ne démarreront leurs unités que courant 2021. « On a l'expertise, les recettes, mais on ne dort pas sur nos lauriers, la concurrence va être impitoyable », poursuit le vice-président de Roquette, qui note au demeurant que le groupe familial continue ses recherches et développements sur d'autres types de protéines végétales, telles les fèves, avec un premier produit commercialisé depuis quelques mois, et d'autres projets encore secrets qui pourraient aboutir en fin d'année ou début 2021. « Ce qu'on veut, c'est que quand nos clients pensent protéines végétales, ils pensent Roquette », conclut Jean-Philippe Azoulay.